Des réunions marathons. Des propositions par-ci et par-là. Plus d’ouverture sur la société civile et le secteur privé. Et des prévisions statistiques en veux-tu en voilà. C’est en gros la nouvelle stratégie du gouvernement de Habib Essid pour dresser une feuille de route pour la relance économique sur la période 2016 – 2020. Chaque ministère devra, en effet, préparer -pour le compte du ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale- sa vision d’un meilleur environnement d’affaire en Tunisie. Tous les points qui en découleront, seront, par la suite, synthétisés dans un document qui sera présenté à la Présidence du gouvernement.
Des réunions marathons. Des propositions par-ci et par-là. Plus d’ouverture sur la société civile et le secteur privé. Et des prévisions statistiques en veux-tu en voilà. C’est en gros la nouvelle stratégie du gouvernement de Habib Essid pour dresser une feuille de route pour la relance économique sur la période 2016 – 2020. Chaque ministère devra, en effet, préparer -pour le compte du ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale- sa vision d’un meilleur environnement d’affaire en Tunisie. Tous les points qui en découleront, seront, par la suite, synthétisés dans un document qui sera présenté à la Présidence du gouvernement.
Thd.tn a été invité à assister à toutes les réunions et a publié un compte rendu de l’essentiel de ce qui a été présenté et débattu dans ces commissions (voir celui de l’infrastructure, le e-bussiness/e-gov et enfin Smart Tunisia/Innovation). Et à la lumière de ce qui a été dit, on ne peut qu’acquiescer d’une chose : La relance économique grâce au numérique, ça ne sera pas demain la veille !
Le très haut débit pour tous, OUI ça va aboutir !
Tout d’abord, la commission de l’infrastructure sera, sans doute, la seule et unique commission qui réussira, à faire aboutir, en tant soit peu, son plan de relier toute la Tunisie au très haut débit. La raison ? Cette commission se basera essentiellement sur les structures du ministère, les institutions sous-tutelle, les opérateurs et les entreprises du secteur télécom. Soit des intervenants qui connaissent l’importance du numérique dans l’économie d’un pays. Certes, cette commission se verra limitée dans son champs d’action par d’autres ministères comme celui de la Défense (blocage sur le système d’information national géographique) ou de l’Equipement, de l’Habitat et l’Aménagement du territoire (redécoupage numérique du pays). Mais elle finira par avancer vu que le projet du Très haut débit est demandé par les créanciers de la Tunisie (comme la Banque Mondiale). Et même si cette commission débattra lors de la prochaine réunion sur comment la Tunisie pourra financer ce projet, on est presque sûr que tous les intervenants du secteur, et même la Banque Mondiale, seront prêts à mettre les mains dans le cambouis pour faire réussir ce plan.
Malheureusement, on ne peut faire preuve d’optimisme après les réunions des autres commissions. Commençons par celle du e-business. Via cette commission, le ministère jouera pleinement son rôle de ministère de l’Economie numérique. C’est à dire soutenir techniquement et logistiquement tous les autres secteurs de l’Etat pour bien tirer profit du numérique (e-éducation, e-santé, e-tourisme, transport intelligent, etc.). Bien que ces initiatives soient à louer et à encourager, on imagine mal qu’elles avancent à la vitesse demandée. Et pour cause : tant que les autres ministères ne vont pas s’y engager (volonté politique), rien n’avancera. Encore pire quand les ministres sont hétérogènes (différentes formations politiques) ou manquent de tonus, pour ne pas dire de parfaits incultes en numérique.
Comment pourra-t-on parler de e-tourisme à l’aube de 2020 quand on a une ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rkik, qui gère à vue d’œil son ministère après les attaques terroristes du Bardo et de Sousse ? Comment peut-on s’attendre à ce que cette ministre encourage le e-tourisme et le business qui en résultera, quand elle dépense des milliers de dinars en devise dans des campagnes d’affichage urbain à l’étranger aussi ridicules qu’inefficaces (lire notre article) ? Comment faire confiance à une telle ministre incapable de réformer ses équipes, et de surcroit son secteur, et qui s‘entête à accorder des privilèges à des institutions hôtelières, le moindre qu’on puisse dire qu’elles sont hors normes ?
Où sont les projets pilotes ?
Engager le ministère des TIC et de l’Economie numérique dans des stratégies digitales chez les autres ministères avec des prévisions trop optimistes (des 100aines d’entreprises crées par-ci, des milliards de dinars injectés dans le PIB par là) est un pur suicide. Faut-il alors arrêter la collaboration avec les autres ministères ? Absolument pas ! Mais il faudra se limiter à des prévisions sur le très court terme. Avec des projets pilotes par secteur qui, en cas de réussite, pourront être généralisés grâce à une stratégie sur le plus long termes.
Par ailleurs, où est le projet pilote des deux écoles connectées, signé par l’ex ministre des TIC Tawfik Jelassi avec son homologue de l’éducation nationale, Tunisie Telecom et Ericsson ? Où sommes-nous avec le projet des tablettes éducatives de l’opérateur historique qui est resté en phase de test interne chez TT ? Pis : Pourquoi il y a autant d’attaques et de critiques depuis l’annonce du projet pilote du transport intelligent à l’Ariana ? Des critiques qui, paradoxalement, émanent d’utilisateurs de voitures qui demandent au ministère du Transport de renforcer sa flotte de bus avant d’installer ces capteurs et ces GPS (pour renvoyer des données aux utilisateurs sur le temps d’arrivée exacte du bus et du nombre de places disponibles) ? Ce n’est pas avec de tels services à distance qu’on arrive à imposer la transparence et à améliorer le service pour le citoyen ?
Passons maintenant à la commission e-Gov. Si on va se limiter au volet service inter et intra-administration (framework commun, RNIA, base de donnée commune, etc.) le projet du e-Gov arrivera, sans doute, à assurer la réalisation de son projet dans les délais. D’autant plus que deux ministères en ont particulièrement besoin : Le ministère des Finances (meilleur contrôle des dépenses publiques et des TVA) et puis le ministère de l’Intérieur (identifiant unique, meilleur passage de l’information, réseau de caméras de surveillance, etc.). Mais du côté du citoyen, malheureusement, les bénéfices du e-Gov ne vont se ressentir qu’une fois on se déplace chez l’administration (on entendra, théoriquement, moins le prétexte «système en panne»). Mais pour les services administratifs à distances (via Web ou application mobile), beaucoup vont être déçu. La raison ? La communication et le marketing.
e-Gov avec 25% d’analphabétisme ?
La commission aura beau à affirmer qu’elle a réservé un budget pour sensibiliser les Tunisiens à utiliser la e-administration (via PC ou mobile) pour qu’ils y adhèrent, mais à quoi bon vont servir tous ces milliers de dinars si au final le service en question sera inutilisable pour un bon nombre de Tunisiens ? A-t-on oublié que 25% de la population est analphabète (chiffres officiels de l’INS, s’il vous plait !) ? Déjà que le gouvernement à du mal à lancer des portails Web respectables (dans l’ergonomie et dans le contenu), alors que dire de services e-Gov destinés aux citoyens ? Pire : Ce gouvernement n’a aucune stratégie de communication, même digitale. Ses instances passent essentiellement par Facebook pour diffuser les communiqués via des pages non encore reconnues comme officielles (l’encoche bleue, donc possible usurpation d’identité et piratage). Sans parler de ses sites internet non mis à jour, indisponibles ou qui se font de temps à autre pirater.
A l’ère du digital où l’image de marque prime sur le classement de Davos, quand est-ce que le gouvernement réalisera-t-il enfin l’importance de la communication et du ‘Brand marketing’ ? Pourquoi le gouvernement ne se fait pas épauler par une ou plusieurs agences de communication avec des contrats spéciaux de longue durée suite à un Appel d’offre ? Cette ou ces agences se chargeront de formater l’info avant sa diffusion au média, de la stratégie social media, du contenu des sites web/appli mobiles et de toute la veille qui en découle (SEO, SMO, dossiers de presse, évènementiel, etc.) et ce, pour le compte de tous les ministères et leurs organes de tutelle ?
Et en parlant d’image de marque exécrable, le projet Smart Tunisia est, par ailleurs, le premier à en pâtir. A suivre.
Welid Naffati
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