Dans le 104ème épisode de Startup Story, nous avons invité Hichem Besbes, Enseignant Chercheur au SupCom, ainsi que Fethi Tlili, directeur de l’Ecole doctorale en TIC à la SupCom. Ils ont parlé de la problématique des chercheurs doctorants en Tunisie qui ne veulent plus continuer leur recherche en Tunisie et préfèrent intégrer des labos de recherche à l’étranger.
“L’Ecole doctorale en TIC a pour mission la formation des doctorants dans leur parcours de préparation du diplôme de Doctorat au sein du SupCom”, a déclaré M. Tlili. “Elle a été créé en 2008 pour répondre au besoin du système LMD et nous délivrons environ une vingtaine de diplômes chaque année. Malheureusement, cette moyenne a drastiquement chuté ces dernières années”.
Notons qu’au SupCom, il y a 5 laboratoires de recherche. Malgré cela, l’école a du mal à attirer de nouveaux chercheurs, justement, à cause d’un manque d’incitations financières. “Une des idées qu’on essaye d’élaborer est de repenser ce partenariat Public/privé dans le domaine de la recherche”, a rétorqué pour sa part Hichem Besbes. Une stratégie acquiescée par M. Tlili et qui a surenchéri: “Les problèmes sont diverses. Tout d’abord on remarque une inadéquation énorme entre les ambitions et les objectifs de la recherche ainsi que le contexte dans lequel on évolue. On a des textes de lois vétustes qui bloquent nos chercheurs. A l’instar du cadre législatif de financement des labos de recherches.
On a déjà l’exemple d’un docteur chercheur au SupCom qui a obtenu un financement pour un projet européen impliquant plusieurs partenaires et dont le montant dépasse le 1 million d’euros. Malgré la disponibilité immédiate de l’argent, il a pourtant perdu énormément de temps dans les procédures administratives car le process est régit par les textes de la comptabilité publique. De ce fait, l’Ecole devait toujours répondre aux exigences des contrôleurs de dépense publiques qui considèrent l’Université comme n’importe quelle administration”.
Pire encore : La rémunération du chercheur tout au long de son travail est une abérration : 500 dinars par mois maximum. “Les textes sont très loins de la réalité et les objectifs de motivation des chercheurs”, s’est insurgé le directeur de l’Ecole doctorale.
“Dans les années 70, un étudiant avait une bourse de 30 dinars pendant que le professeur touchait un salaire de 50 dinars. Avec le niveau de vie de l’époque, l’étudiant pouvait vivre confortablement. C’est pour vous dire l’intérêt que portait l’Etat à ses étudiants du supérieur”, a rajouté pour sa part M. Besbes. “Nous avons un problème de mentalité puisqu’on valorise uniquement tout ce qui vient de l’étranger. Pourtant, les professeurs de la SupCom et ses étudiants sont très sollicités soit dans les labos en Europe soit pour occuper des postes de responsabilités à l’étranger”. La valeur apportée par les universités tunisiennes est, donc, un fait indéniable.
Au sujet des entreprises tunisiennes et l’apport des doctorants tunisiens, nos invités ont mis le point sur l’importance des travaux de recherche dans la transition vers l’industrie 4.0 grâce à l’Intelligence artificielle et l’IoT.
Pour Hichem Besbes, il serait encore plus intéressant de créer des textes de loi ou des mécanismes qui encouragement le statut de chercheur entrepreneur. On pourra se référer à l’exemple de l’ADSL qui est devenu un business lucratif grâce à un travail de recherche à l’université de Standford de lequel l’entreprise Amati est née.
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Walid Naffati