Après le vote du budget complémentaire de la loi des finances 2012 et du Budget de l’Etat tunisien par l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), aucun document officiel n’a été rendu public détaillant ce budget. Seul un livre de 3000 mille pages a été distribué aux députés. Seuls les élus à l’ANC, Mabrouka Mbarka, député CPR, et Karima Souid, députée Etakattol, ont pris l’initiative de délivrer cette copie au groupe OpenGov TN.
C’est alors qu’un bon nombre des affiliés du groupe et des représentants de la société civile s’est immédiatement mis à scanner ces 3000 pages. Le groupe OpenGov TN vient de publier sur Internet le PDF de ces scans. Ils ont été organisés par ministère et département d’Etat.
Jazem Hlioui, s’est mis, pour sa part, à décortiquer et analyser les données du document. Il a publié un article sur son blog faisant l’analyse de ces données et a relevé quelques aberrations.
«L’objectif est que nous commençons tous un exercice citoyen fondamental. Celui de contrôler la manière avec laquelle l’argent public est géré par les autorités. Souvenez-vous qu’il était impensable de faire cela avant 2011. L’information publique nous était cachée et nous n’avions pas la matière nécessaire pour demander des comptes aux gouvernements précédents», écrit-il sur son blog.
«D’un autre côté, c’est pendant le gouvernement de la Troïka qu’il nous est devenu possible d’avoir accès au budget détaillé. Certes, cela ne se fait pas encore de manière institutionnelle. Mais les bonnes volontés existent aussi bien au sein de l’ANC, du gouvernement et de l’administration. Ce sont des centaines, voire des milliers de véritables héros souvent inconnus qui tentent de réformer le système de l’intérieur, souvent dans des conditions très difficiles».
M. Halioui s’est également étonné de voir des chiffres inexplicables quant à la masse salariale et le budget réservé. Par exemple, le budget des salaires consacrés à la présidence de la République est de 3,5 millions de dinars. «En supposant qu’il y ait 40 conseillers (ayant rang de ministres), on déduit un salaire théorique net de 31900 dinars par mois pour le président».
«L’étude du budget de l’état est pleine d’autres renseignements», poursuit-il. «On y découvre, par exemple, des écarts entre les salaires parmi les employés de l’administration tunisienne (qui emploie environ 581000 fonctionnaires, avec un salaire moyen d’environ 867 dinars net par mois).
Le plus gros employeur est le ministère de l’Education avec 188 331 fonctionnaires ayant un salaire moyen de 900 dinars net par mois.
Le ministère de la santé vient en deuxième position avec 74 589 employés et un salaire moyen de 800 dinars net par mois.
Le ministère qui paye le plus cher ses salariés (au nombre de 2118) est celui des Affaires étrangères avec une moyenne de 3553 dinars net par mois. Cela démontre la faiblesse de notre monnaie par rapport à tous les autres pays avec lesquels nous avons des relations diplomatiques.
Le ministère qui paye le moins ses fonctionnaires (au nombre de 19201) est celui des Affaires religieuses avec une moyenne de 200 dinars net par mois.
Ceci dit, les salaires des membres du gouvernement représentent seulement 1/5000 ème du budget total qui, rappelons-le, totalise plus de 25000 milliards de millimes».
Pour lire la suite de cette analyse, rendez-vous sur le blog de Jazem Halioui.
M.M
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