L'actuTHD

Tunisie : Oubliez le dégroupage et les opérateurs, pensez à la fibre optique et la mutualisation 2/3

Tunisie : Oubliez le dégroupage et les opérateurs, pensez à la fibre optique et la mutualisation 2/3

Si on veut donner un bon coup de pouce à la création d’emploi et au PIB national, on n’a pas trop d’autre choix que de connecter le maximum de personnes au très haut débit. Fini donc l’ère de l’ADSL, bonjour la fibre optique (ou toute autre technologie de substitution) et la 4G !

Tunisie : Oubliez le dégroupage et les opérateurs, pensez à la fibre optique et la mutualisation 2/3Si on veut donner un bon coup de pouce à la création d’emploi et au PIB national, on n’a pas trop d’autre choix que de connecter le maximum de personnes au très haut débit. Fini donc l’ère de l’ADSL, bonjour la fibre optique (ou toute autre technologie de substitution) et la 4G ! 

Si la première reste l’accès de référence pour les grandes agglomérations, il est toutefois très difficile pour les zones rurales d’en bénéficier. Déjà, pour de simples accès ADSL, aucun opérateur ne s’hasarde à proposer un tel service pour ces zones-là, de peur que leur investissement ne soit amorti, alors pour de la fibre optique… 

«En Suède, nous nous sommes basé sur le sans-fil pour couvrir les zones blanches», affirme M. Lars-Erik Axelsson de l’autorité de régulation, de la poste et des télécoms suédois. «Nous avons mis en vente auprès des opérateurs télécoms suédois, 6 blocs de fréquences dans la bande 800 Mhz pour faire passer la LTE. Cette opération a pu soulever pas moins de 33 millions d’euros qui ont subventionné par la suite la couverture de toutes les zones blanches».

Cette bande de fréquence est utilisée en temps normal par la télé analogique. En passant vers la Télévision Numérique Terrestre (TNT), il est possible que cette fréquence soit récupérée pour la 4G car elle a l’avantage d’avoir une meilleure capacité de couverture et de pénétration indoor (à l’intérieur des bâtiments). Mais pourquoi ne pas utiliser alors cette fréquence pour les grandes agglomérations ? Parce que plus la fréquence est basse, moins il y aura de porteuses (sorte de canal de transmission) et donc moins de personnes pourront se connecter simultanément sur une même antenne.

Or, les technologies sans fils ne se limitent pas à la 3G et la 4G, il est en effet possible de créer dans les petites communes des antennes Wifi qui sont reliées en fibre optiques à la centrale téléphonique la plus proche. Certes, cet investissement est très lourd pour la commune, et suicidaire pour un opérateur (presque 0 amortissement), mais l’Etat peut intervenir pour la subventionner. 

Cap sur le tout mobile, ou pas cap ?

Or, ceci a donné l’idée à quelques communes et quelques villes d’installer leur propre infrastructure très haut débit (notamment la fibre optique) financée par le contribuable. C’est ainsi que plus 50% des municipalités de ce pays nordique ont financé leur propre accès réseau Internet. Les opérateurs deviennent ainsi les clients de ces municipalités et leur paye la location de cette infrastructure. Grâce à un tel procédé, le contribuable a pu engranger des bénéfices.

«En Suède, 75% des nouveaux téléphones vendus sont des Smartphones», poursuit M. Lars-Erik Axelsson. «Durant le premier trimestre 2013, les ventes de pc et desktops ont chuté de 19% contre une augmentation de 150% pour les tablettes. On peut donc conclure que les utilisateurs veulent communiquer via une combinaison entre le mobile haut débit et le Wifi». 

M. Po-Wen Liu

M. Po-Wen Liu

Cette tendance à utiliser le haut débit mobile a été défendue bec et ongle par un représentant du régulateur autrichien, M. Po-Wen Liu. Avec une augmentation annuelle de 50% dans l’utilisation du haut débit, et graphe à l’appui, M. Po-Wen Liu a prouvé que c’est essentiellement le mobile qui a le vent en poupe. Selon sa logique, ça ne sert à rien de nager à contre-courant et de vouloir tout miser sur le réseau filaire quand le marché tend au tout mobile. «On s’attend en 2014 à ce que 30% du trafic Internet soit généré par les téléphones et les tablettes selon une courbe exponentielle», martèle-t-il. «Et cela veut dire qu’il nous faut plus de spectre et un bon backbone. Mais est-ce assez ? Non. Car pour développer le très haut débit, il faut encourager les gens à utiliser Internet. Pour créer le besoin, il faut des applications pour le mobile. Et il ne faut pas que le privé seulement s’en charge : le gouvernement aussi». 

Plus il y aura d’utilisateurs qui trouveront utile d’avoir Internet chez eux ou sur leur téléphone, plus le prix sera revu à la baisse. C’est ainsi qu’en Autriche, un abonnement ADSL qui inclut 8 Méga et la VoIP coûte 18 euros/mois. Celui du 20 Méga, 25 euros. Pour 1 Go de quota de téléchargement sur le mobile, l’abonnement coûte 4 euros. Des prix qui sont très bas par rapport à un revenu moyen de plus de 1000 euros/mois.

Antoine Mallat

Antoine Mallat

Internet à double vitesse ?

Pour Antoine Mallat de l’entité de régulation française l’ARCEP, le vrai problème se pose avec la neutralité du Net. A quoi bon, en effet, offrir de la fibre, de la 4G ou même du Wifi, quand un opérateur filtre la navigation ou bride des services gratuits tels que skype, youtube, etc. sous le prétexte qu’elle bouffe beaucoup de bande passante. Chose que l’ARCEP a pu battre en brèche d’après une étude qu’elle a menée. Les dépenses en investissement réseau haut débit n’augmentent, en effet, que très peu quand on consomme plus de débit. «Ca, c’est pour le fixe puisque chaque fibre de cuivre ou optique est individuelle. Ceci étant dit, pour le mobile, on peut comprendre que les ressources radios de chaque antenne soient limitées et du coup, plus on consomme, plus on doit fournir de la capacité mutualisée», tempère-t-il.

Or en France, l’accès référence est toujours le fixe, et notamment l’ADSL dégroupé. Ainsi, sur les 30 millions de fibres de cuivre, 22 millions ont déjà l’ADSL dessus. Mais faut-il, pour autant que les opérateurs se limitent à leur rôle de simples tuyaux pendant que des entreprises, telles que Google et Microsoft (pour le service Skype), évitent ou carrément refusent de payer des taxes dans les pays où ils sont accessibles ? 

Et quid des opérateurs qui bloquent l’utilisation des réseaux Peer 2 peer ou qui interdisent l’utilisation du téléphone comme hotspot ? Faut-il dans ce cas proposer deux types de connexion ? La première bridée pour les pauvres et la deuxième plus chère, où tout est libre d’accès ? A suivre.

Welid Naffati

A lire également : 

Tunisie : Oubliez le dégroupage et les opérateurs, pensez à la fibre optique et la mutualisation 1/3

Tunisie : Oubliez le dégroupage et les opérateurs, pensez à la fibre optique et la mutualisation 3/3

Facebook Comments

Plus Populaires

To Top