La page officielle de la présidence du gouvernement a publié jeudi 27 juin un communiqué pour annoncer des pourparlers avec Microsoft à propos de la signature d’un contrat avec la firme de Redmond. Cette décision est issue d’un conseil ministériel consacré la veille à ce sujet-là et qui a été présidé par Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des affaires économiques.
La page officielle de la présidence du gouvernement a publié jeudi 27 juin un communiqué pour annoncer des pourparlers avec Microsoft à propos de la signature d’un contrat avec la firme de Redmond. Cette décision est issue d’un conseil ministériel consacré la veille à ce sujet-là et qui a été présidé par Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des affaires économiques.
«La séance a recommandé l’approbation du principe du partenariat global avec la société Microsoft sur la base d’un programme intégré qui garantit d’un côté l’intégration des projets et des programmes de l’administration et des ministères de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle et de l’emploi et les programmes capables d’améliorer et de développer le secteur des technologies de l’information et de la communication en Tunisie d’un autre côté», lit-on sur le communiqué.
Dans un article titré «Pourquoi la Tunisie signe avec Microsoft ?», le site Mag14 rappelle «l’Etat tunisien a déjà versé 7.800.000 de dinars à Microsoft en 2009, pour l’achat des licences des logiciels, et pas moins de 6.300.000 dinars en 2010. Et à en croire les dernières décisions annoncées par la Kasbah, cette «coopération» s’inscrit dans la durée».
L’auteur de l’article note, à juste titre, que le 25 juin, soit un jour avant le conseil ministériel consacré au contrat de Microsoft, Bruxelles a recommandé aux Etats membres de l’Union Européenne de réduire leurs coûts en évitant les solutions propriétaires dans le secteur public. Ce qui pourrait réduire de 1,1 milliard d’euros par an les charges pesant sur le contribuable.
Et de conclure : «Mais manifestement, le gouvernement tunisien ne craint pas de mettre la main à la poche même en temps de crise, quitte à payer plus cher. Alors même que des états bien plus riches comme l’Allemagne, la Norvège, la Chine, ou même les Etats-Unis, tendent aujourd’hui à privilégier l’Open Source et les logiciels libres. Vous avez dit rationalité économique ?»
THD a contacté le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Mongi Marzoug, pour connaître les raisons qui motivent cet accord, d’autant plus que les caisses de l’Etat ne pourront pas supporter une nouvelle charge due aux prix des licences Windows. Et voici sa réponse : «Il s’agit essentiellement de régulariser les licences Windows (et partiellement Microsoft Office) que l’Etat utilise. Après une année de discussion difficile nous sommes proches d’un accord qui va permettre de régulariser un nombre très important du parc de PC sur une période de 3 ans et avec un prix très inférieur à l’accord précédent. Le nouvel accord n’intégrera pas le paiement et l’intégration du Software Assurance qui est trop coûteux».
A la question pourquoi ne pas basculer une fois pour toute vers l’Opensource au lieu de renouveler les licences, M. Marzoug répond : «L’intégration de l’OpenSource prend du temps. Pour l’Office ce n’est pas, toutefois, un problème. Déjà 80% du parc informatique du Ministère de l’Enseignement Supérieur a l’OpenOffice dessus. Pour les autres ministères, on table sur un taux minimal de 33% sur les 3 prochaines années. Pour le Windows, par contre, c’est beaucoup plus difficile. Mais nous comptons travailler sur ce sujet au moins pour certains ministères».
Notons que le gouvernement s’est engagé, suite aux recommandations des institutions financières mondiales (comme la Banque mondiale), à intégrer les droits d’auteur dans ses réformes (et qui sont soutenues par les prêts). L’Etat ne pouvait, de ce fait, continuer à utiliser une version de Windows et d’Office dont la licence a expiré.
La question qui se pose maintenant, c’est quand le gouvernement mettra en place une stratégie nationale pour l’adoption des logiciels libres ? La Tunisie est-elle en manque de compétences qui pourront développer des solutions customisées à base d’Opensource pour les différentes administrations ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à soutenir Microsoft avec l’argent du contribuable ?
Welid Naffati
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