Désormais, tout politicien tunisien doit tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de faire une déclaration. Il ne doit plus compter sur un oubli de la part du peuple, surtout avec l’utilisation excessive des réseaux sociaux, Facebook et Youtube en particulier. Ce constat a été confirmé dernièrement par l’affaire du 23 octobre. Date présumée de la fin de la «légitimité» électorale de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), et par conséquent du gouvernement à majorité nahdhaouie.
Juste avant les élections du 23 octobre 2011, les principales mouvances politiques du pays (excepté le CPR de Moncef Marzouki) avaient, en effet, signé un traité pour limiter l’action de la constituante à une seule année. La date du 23 octobre 2012 approche à grand pas et l’ANC semble avoir du mal à s’acquitter de cette tâche.
Il était donc intéressant pour plusieurs Internautes de retourner sur les déclarations de nos politiciens faites juste après les élections et de les comparer avec leurs récentes apparitions médiatiques.
C’est ainsi que Youtube et Facebook ont mis à nu le retournement de veste de Habib Ellouze, député nahdhaoui à l’ANC. Il y a tout juste un an, pendant la période électorale, il a explicitement demandé aux électeurs de les dégager en cas d’échec à écrire la constitution dans les délais et à nettoyer le système. Et pourtant, ce même Habib Ellouz est venu dernièrement déclarer tout le contraire.
Mais la palme d’or revient au chef spirituel d’Ennahdha, le Cheikh Rached Ghannouchi. Il y a une année, il a déclaré sur Hannibal TV dans l’émission de Samir El Wafi, que son parti respecterait cette «charte» et ferait tout pour terminer l’écriture de la constitution dans les délais. Or, c’est maintenant que les électeurs commencent à découvrir la supercherie de ce parti islamiste. Depuis quelques jours, Ennahdha multiplie en effet les déclarations dans les médias pour justifier le prolongement des travaux de l’ANC (et donc du gouvernement) au delà du 23 octobre 2012, faisant ainsi fi des promesses faites une année auparavant. Les facebookeurs ont alors réagi en publiant quelques vidéos montage montrant le changement de leur position en une année.
Face à cette «attaque frontale», les pages nahdhaouies ont alors sorti, de leur côté, la vidéo extraite de l’interview de Beji Caid Essebsi à Al Jazeera, en 2011 où l’ex-premier ministre et fondateur du parti Nida Tounes (l’appel de la Tunisie) a avoué la falsification des résultats des élections de 1981. Ce qui contredit grandement ses récentes déclarations où il tacle la Troika, et Ennahdha en particulier, d’avoir «stoppé» le processus démocratique.
Avec cette affaire, nous avons la énième preuve que Facebook et Youtube commencent à devenir la mémoire du Net. Grâce à ces deux réseaux, les citoyens peuvent désormais faire pression sur les hommes politiques en dénonçant leur double facette. Des politiciens qui ne cessent de faire des bourdes, pour le plus grand désarroi des électeurs qui ne savent plus à quel saint se vouer, entre un gouvernement menteur et une opposition hypocrite.
Seif Eddine Akkari
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