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Tunisie – Secteur des télécoms : Chronique d’une catastrophe annoncée (1/2)

Tunisie – Secteur des télécoms : Chronique d’une catastrophe annoncée (1/2)

Tunisie Telecom ne cesse d’afficher des signaux alarmants qui risquent de faire chuter l’un des fleurons de l’économie nationale. Certes, les pratiques de l’ancien régime y sont pour une grande partie, mais depuis le 14 janvier 2011 la situation de l’opérateur historique va de mal en pis et sa chute pèsera énormément sur l’économie nationale. Mais les résultats immédiats ne se sont pas fait attendre. Orange et Tunisiana sont déjà les grands perdants. Et ce sont les consommateurs (grand public et professionnels) qui en payent les frais.

Tunisie – Secteur des télécoms : Chronique d’une catastrophe annoncée (1/2)Tunisie Telecom ne cesse d’afficher des signaux alarmants qui risquent de faire chuter l’un des fleurons de l’économie nationale. Certes, les pratiques de l’ancien régime y sont pour une grande partie, mais depuis le 14 janvier 2011 la situation de l’opérateur historique va de mal en pis et sa chute pèsera énormément sur l’économie nationale. Mais les résultats immédiats ne se sont pas fait attendre. Orange et Tunisiana en sont déjà les grands perdants. Et ce sont les consommateurs (grand public et professionnels) qui en payent les frais. 

Il est clair que la situation que vit actuellement Tunisie Telecom est la résultante de plusieurs années de mauvaises décisions, parfois dictées par le palais sous l’époque de Zaba. «Je me rappelle encore de ce jour où nous avons reçu l’ordre de ne plus commercialiser les lignes GSM sous prétexte qu’il n’y en avait plus», nous raconte une ancienne cadre de Tunisie Telecom. «Et pourtant, ce ne sont pas les cartes SIM pré actives qui manquaient dans nos dépôts. Bon nombre d’entre elles ont d’ailleurs fini par être jetées à la poubelle. Quel gâchis !». Mais pourquoi avez-vous reçu un tel ordre ? «A l’époque, Tunisiana se préparait à entrer sur le marché. Et Leila Ben Ali aurait touché des commissions pour faciliter l’octroi de la licence à Orascom et puis son implantation en Tunisie».

Au revoir Zaba. Bonjour les agents de TT !

Malheureusement, plus de 10 ans plus tard, ces mêmes pratiques recommencent à faire surface. Mais si à l’époque, c’était Zaba qui l’a demandé, aujourd’hui, ce sont quelques salariés qui le font. Les ruptures de stocks des produits vendus par Tunisie Telecom (Smartphones, clés 3G, etc.) se multiplient dans plusieurs endroits de la république. Les clients dans les points de vente (anciennement appelés les Actels) repartent déçus. Surtout avec «l’accueil légendaire» de ses agents. Et pourtant, les stocks restent plein et les résultats restent très en-deçà par rapport aux prévisions. Pire : la direction commerciale de TT multiplie les efforts avec des offres alléchantes qui défient la concurrence. 

Dommage que la plupart des efforts au niveau de la direction générale de l’opérateur ne se traduisent pas par des actions réelles sur le terrain. La cause ? Un laisser-aller terrifiant chez un bon nombre des agents de TT se comportant en parfaits fonctionnaires de l’Etat. Travailler moins, voire ne pas travailler du tout. Et peu importe si la boite coule face à Orange et Tunisiana tant qu’ils toucheront leur salaires à la fin du mois… 

Cette pratique a impacté très négativement l’image de TT auprès du consommateur tunisien. Notamment les entreprises et les multinationales. Au point que le directeur central marketing entreprise de Tunisie Telecom, Mousser Jerbi, a fini par jeter l’éponge… pour être récupéré par Tunisiana. 

Connaissant le potentiel de M. Jerbi et son carnet de contacts contenant les plus grands holdings tunisiens, Tunisiana n’a pas hésité un seul instant à lui offrir de bien meilleurs avantages que TT. Ken Campbell, DG de Tunisiana, ira jusqu’à donner beaucoup de prérogatives à M. Jerbi pour, autant le dire, le rendre l’un des directeurs les plus importants (pour ne pas dire le prochain numéro 2 ?) de Tunisiana, en termes d’influence et de pouvoir décisionnel. Faut-il encore rappeler que c’est la branche Pro qui est la plus lucrative chez tout opérateur télécom ? 

Tunisiana, plus prête que jamais à casser Tunisie Telecom !

Qui l’aurait cru ? Ce «petit» opérateur qui a débuté en Tunisie en 2002 et qui n’a jamais pensé un jour avoir le dessus sur son principal concurrent, Tunisie Telecom, est en passe de devenir l’opérateur leader, tous secteurs confondus. Faut-il rappeler que Tunisiana a obtenu sa licence 3G et fixe en 2012 et qu’elle prépare son propre câble sous-marin (Didon) ? Cofinancé par Orange, Didon permettra aux deux opérateurs d’outrepasser le monopole de Tunisie Telecom sur les liaisons internationales et baisser, ainsi, le prix du Mégabit et des communications internationales à l’aube de 2014. 

Avec l’arrivée de Mousser Jerbi à la tête de la Business Unit (équivalent à la direction marketing entreprise chez TT qu’il chapotait jusqu’en août 2013), il y a fort à parier que d’ici 2015, Tunisiana réussira à ‘casser’ l’opérateur historique sur le segment Business. 

Quant au fixe, la filiale de ooredoo (nouvelle dénomination de Qatar Telecom depuis février 2013) au pays des Jasmins, compte bien en finir une fois pour toutes avec Tunisie Telecom. Tunisiana va, en effet, emprunter 220 millions de dinars (133 millions de dollars US) auprès des banques tunisiennes et internationales pour «financer l’amélioration du réseau 3G de Tunisiana et le démarrage d’une branche de téléphonie fixe pour les entreprises».

En d’autres termes : Tunisiana n’attendra pas le dégroupage de Tunisie Telecom pour se positionner sur le fixe, surtout pour les entreprises. Elle compte faire passer sa propre fibre partout en Tunisie. Et tanpis pour les 4 millions de fils de cuivre déjà installés par TT et dont 90% ne sont pas exploités à cause du déclin du fixe aux dépens du mobile.

Histoire Bis Repetita…

Avec un tel prêt, il semble que Tunisiana pourra, dans un futur proche, avoir un réseau complètement indépendant de Tunisie Telecom. Et c’est encore mieux si ce prêt lui permet, doucement mais surement, d’avoir le monopole sur l’infrastructure FTTH (fibre jusqu’à l’abonné). Après tout, les caisses de l’opérateur sont pleines (près de 100 millions de bénéfices nets au 1er semestre 2013) et Tunisiana peut se permettre d’investir lourdement dans une technologie du futur que ses concurrents auront du mal à installer avec leur situation économique difficile. D’autant plus que ceci n’impactera pas la sortie des dividendes vers le Qatar à la fin de l’année.

La direction de ooredoo (Qatar Telecom) boit du petit lait en imaginant dès maintenant Tunisie Telecom et Orange venir frapper bientôt à sa porte et quémander pour un accès à sa fibre optique qu’elle leur louera au prix fort. Un schéma qui ne manquera pas de nous rappeler la position de Tunisie Telecom avant que la concurrence ne se pointe à l’horizon et déstabilise son monopole. 

Mais peut-on blâmer, dans ce cas, Tunisie Telecom d’être entièrement responsable de la catastrophe qui s’annonce dans le secteur des télécoms en Tunisie ? Certainement pas. Car les pratiques commerciales de Tunisiana y sont aussi pour quelque chose. A suivre

 Welid Naffati

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