Plus de 12 millions de cartes SIM sont utilisées en Tunisie. Le taux de pénétration du mobile dépasse les 100%. La Tunisie occupe ainsi la 4ème place du classement de MHealth Africa des pays africains ayant le plus grand nombre de cartes SIM actives. Mais en réel, la Tunisie compte environ 8,5 millions d’abonnés. C’est le chiffre qu’on a pu se procurer auprès du ministère des Technologies de l’information et de la communication.
Plus de 12 millions de cartes SIM sont utilisées en Tunisie. Le taux de pénétration du mobile dépasse les 100%. La Tunisie occupe ainsi la 4ème place du classement de MHealth Africa des pays africains ayant le plus grand nombre de cartes SIM actives. Mais en réel, la Tunisie compte environ 8,5 millions d’abonnés. C’est le chiffre qu’on a pu se procurer auprès du ministère des Technologies de l’information et de la communication. Cette différence dans les chiffres s’explique par l’utilisation de plusieurs lignes par un seul client. Des consommateurs préfèrent, en effet, switcher entre 2 ou 3, voire même 4 SIM (une par opérateur –MVNO Elissa inclus-) pour appeler moins cher.
D’après les statistiques du mois de juin 2013 publiées par l’Instance Nationale des Télécommunications (INT), Orange compte 1,5 million d’abonnés contre 4,3 millions pour l’opérateur historique. Quant à Tunisiana, l’opérateur compte pas moins de 6,9 millions de Tunisiens dans sa base de donnée.s Presque 7 millions de Tunisiens sont chez la filiale de ooredoo (ex-Qatar Telecom) ! Soit 75 % des Tunisiens qui sont déjà abonnés chez Tunisiana.
OffNet, OnNet, pour le client, c’est un vrai casse-tête !
Jusqu’à peu, les opérateurs pratiquaient ce qu’on appelle la tarification OnNet (intra-réseau) et OffNet (inter-réseaux). Si on appelle un numéro d’un autre opérateur, on paye plus cher la communication. Si on appelle un numéro du même opérateur, le prix de la minute baisse. C’est ce qu’on appelle l’effet club. Voyant venir la portabilité des numéros, Orange et Tunisie Telecom ont vite abandonné cette méthode pour adopter une tarification unique proche du prix d’interconnexion fixé par le régulateur (environ 30 millimes TTC).
Et pourtant, les marges ne sont pas aussi confortables que cela puisse paraître. Ainsi et en calculant le coût de la minute chez chaque opérateur (les différentes dépenses marketing, technique et ressources humaines), on trouve :
1- Pour Tunisie Telecom, un appel coûte dans les 45 millimes TTC. Le prix moyen de vente est de 70 millimes TTC.
2- Pour Tunisiana, le coût se situe aux alentours de 25 millimes TTC. En faisant la moyenne entre les tarifs appliqués en OffNet et OnNet, on trouve que le prix de vente se situe aux alentours de 40 millimes TTC.
3- Pour le cas d’Orange, le coût réel de l’appel est aux environs de 40 millimes TTC et est vendu au public à 50 millimes TTC en moyenne.
Effet club
Le coût élevé de la minute d’appel chez TT est dû à la lourdeur de la masse salariale. Il ne faut pas oublier que Tunisie Telecom est une société étatique et qu’elle a été appelée à absorber le maximum de chômeurs après le 14 janvier 2011.
Pour ce qui est d’Orange, ce coût est explicable par sa position de nouvel entrant sur le marché. En effet, l’opérateur est toujours en phase d’investissement et est encore loin d’amortir ses coûts.
Pour Tunisiana, cependant, le retour sur investissement s’est fait depuis belles lurettes. De ce fait, Tunisiana a une marge confortable qui lui permet de vendre à beaucoup moins cher ses minutes en OnNet à ses clients.
C’est ce point précis qui commence à agacer au plus haut niveau l’INT et le ministère des TIC. Le service marketing de Tunisiana cherche désespérément à proposer des Bonus à tour de bras à ses abonnés. Mais le régulateur le freine à chaque fois. D’autant plus que ces pratiques marketing nuisent énormément à l’équilibre du marché et sont la principale cause dans le retard de déploiement de l’ADSL dégroupé.
Une aberration
«A part la Tunisie, je ne connais aucun pays où le prix de la minute d’appel du mobile vers le mobile est beaucoup moins cher que du mobile vers le fixe. Ce n’est pas logique !», commente à juste titre Mongi Marzoug, ministre des Technologie de l’information et de la communication. Tunisiana propose en effet l’appel de son réseau vers le fixe de Tunisie Telecom à 190 millimes TTC pour un prix d’interconnexion fixé par le régulateur à 30 millimes TTC.
«Cette année, le prix du dégroupage est plus cher que l’année dernière car il y a moins de trafic sur le fixe. Aujourd’hui, beaucoup de Tunisiens utilisent le mobile au lieu du fixe. Pourquoi ? Non seulement par facilité, mais aussi, parce qu’il leur coûte moins cher», rajoute-t-il.
Résultat : ni Orange, ni Tunisiana ne peuvent commercialiser leur ADSL dégroupé et la branche fixe s’approche chaque jour un peu plus de la faillite. Le prix d’Internet ne baisse pas, le client n’a pas la qualité qu’il demande et c’est toute l’économie nationale qui est impactée.
Il faut sauver Tunisie Telecom. La chute de cet opérateur historique est imminente et c’est toute la Tunisie qui va en payer les frais. Après tout, le secteur des télécoms est aussi une affaire de souveraineté de l’Etat.
Welid Naffati
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