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Tunisie : Securiday 2011 n’a pas réussi à démasquer le vrai Ammar 404

«Non, ce n’est pas nous Ammar 404 et on ne décidait pas de la fermeture des sites». C’est en gros la conclusion à laquelle on est arrivés à la fin de la première table ronde, organisée lors du Securiday 2011. Personne n’est responsable de la censure et personne ne connait les donneurs d’ordre.

Et pourtant, tous les acteurs et noms connus du Net tunisien étaient présents autour de cette table. L’Agence Tunisienne de l’Internet ou ATI, longtemps associée à Ammar 404, et l’Agence Nationale de la Sécurité Informatique (ANSI), accusée après la révolution d’être le donneur d’ordre dans le processus de censure, étaient sur le banc des accusés. Manquaient cependant des représentants du ministère de l’intérieur qui a préféré jouer la politique de la chaise vide, et des responsables de Tunisie Telecom qui ont été omis.

De l’autre coté, on retrouve les accusateurs, Slim Amamou, fervent défenseur de la liberté sur le Net et actuel Secrétaire d’Etat chargé de la jeunesse et des sports, Haythem Mekki, journaliste dont le franc-parler lui a parfois valu des ennuis avec la police politique, notamment en décembre dernier, et enfin Malek Khadhraoui, propriétaire du site d’informations incisif nawaat.org, détracteur de toutes les perversions du système tunisien.

Mais, rien de nouveau sous le ciel gris de la censure tunisienne. Seule l’intervention d’un ancien directeur technique de l’ATI (écarté de l’agence par les sbires de Ben Ali à l’époque) qui a témoigné de l’existence d’un nœud Tunisie Telecom en amont du  nœud de l’ATI sur lequel le ministère de l’intérieur avait accès. Une révélation qui a suscité quelque émoi, notamment au regard des mouvements non-identifiés qui agitent TT depuis la révolution.

Les équipes d’Ammar étaient segmentées en différentes compétences et en différents lieux vraisemblablement dont l’ATCE, le ministère de l’intérieur, les cellules tunisiennes et à l’étranger du RCD. Elles faisaient parfois appel à des profils extérieurs. L’ancien directeur de l’ANSI témoigne en ce sens : «Réquisitionné par ordre de justice, notre personnel était parfois contraint à analyser du matériel saisi à des ‘opposants’, mais je n’ai personnellement jamais accepté de détacher un de mes ingénieurs informatiques auprès du ministère de l’intérieur ; et vous savez comme il était délicat de leur refuser une “faveur”…».

Alors, oui, le club de sécurité informatique a eu la bonne idée d’organiser un débat sur la cyber censure du régime Ben Ali. Mais, non, on n’en sait toujours pas plus sur les responsables qui tiraient dans l’ombre les ficelles du redouté Ammar.

Lena C.

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