L'actuTHD

Tunisie : Sommes-nous devenus des espions pour la CIA à cause de facebook et twitter ?

Nous entendons souvent parler de la présence des services d’intelligencia extérieures dans notre pays via leurs agents secrets. Ces personnes qui s’infiltrent pour récolter le maximum d’informations «secrètes» et l’envoyer sous forme de rapport aux CIA et autres services de renseignement/espionnage. Et pourtant, jamais le citoyen moyen n’a pu avoir de preuves réelles sur leur existence. Plus maintenant grâce à Internet.

Bien qu’ils ne pèsent guère dans la balance économique mondiale, les pays arabes sont paradoxalement tout le temps dans le collimateur des grandes puissances mondiales, telles que les Etats Unis. Elles lorgnent ses richesses naturelles et son pétrole en particulier. La grogne sociale contre les régimes despotiques, et dont la Tunisie était pionnière, ne peut donc qu’augmenter la crainte de l’occident de perdre leur main mise sur l’or noir des pays du Moyen Orient.

Des récentes révélations dans la presse ne cessent de conforter cette idée. En plus de ses agents spéciaux infiltrés au sein de la population, les services secrets du monde entier, dont la célèbre Central Intelligence Agency (CIA), se feraient aider par les réseaux sociaux à l’instar de Twitter pour récolter les informations.

Twitter : Outil d’espionnage par excellence ?

Le réseau de microblogging multiplie ses bourdes. Après son annonce sur un possible recours à la censure de quelques hashtag (mots clés utilisés par twitter pour afficher les gazouillis qui les utilisent) selon la géolocalisation de l’internaute, voilà maintenant twitter qui vend les gazouillis et les données personnelles de ses utilisateurs au plus offrant.

D’après la chaine saoudienne d’information Al Arabeya, un accord a été conclu le 28 février dernier entre ce réseau social et la société britannique Datasift. Grâce à lui, cette dernière se chargera de la vente des rapports analytiques que produira twitter concernant ses utilisateurs.

De prime abord, cet accord conclu permettra aux sociétés commerciales de mieux connaître leurs utilisateurs et d’affiner, ainsi, leur stratégie marketing. Mais c’est finalement l’intelligencia américaine, et les services secrets en général, qui en tireront profit. Ils auront en effet entre leurs mains, des millions d’informations à un coût dérisoire comparé à ce que touche un espion professionnel. Mieux : avec ce système, ils courent moins de risque. Par ce procédé, les internautes deviennent, en gros, eux même des espions. Des espions malgré eux.

Le pire, c’est que Twitter semble faire fi des droits de ses utilisateurs en matière de respect de la vie privée. Leurs tweets seront en effet utilisés à leurs insu pour des fins et buts qu’ils n’ont pas approuvés lors de l’ouverture de leur compte dans les conditions générales d’utilisation. D’autant plus que Datasift a eu le feu vert de Twitter pour communiquer sur la géolocalisation de ses tweetos (nom donné aux utilisateurs de ce réseau de microblogging).

Wikileaks et Nawaat dévoileront le nom de quelques espions en Tunisie

Les activités des services de renseignement ne s’arrêtent pas uniquement aux réseaux sociaux. Un article paru sur Nawaat.org met à nu les agissements de l’une des plus célèbres agences de renseignements américaines, STRATFOR. Surnommée la «hadow CIA» (CIA de l’ombre), cette agence créée en 1996, et qui a joué un rôle important dans la guerre du Kosovo, dans la lutte contre le terrorisme et dans la 2ème guerre du Golfe, s’intéresserait désormais au Proche Orient. Tunisie incluse.

Sa mission principale ? Amasser toute sorte d’information sur les blogs, les réseaux sociaux, les médias, les thèses universitaires ou encore les rapports gouvernementaux. Puis les trier selon le degré de leur importance et enfin les analyser avant de les vendre aux intéressés. Près de 300 mille membres, organisés en sources, moniteurs et analystes, s’occuperaient de cette tâche.

En collaborations avec Wikileaks, le site Nawaat.org annonce avoir la liste des noms de ces personnes, notamment ceux qui s’occupent de la Tunisie. Pour son premier article sur ce sujet, Nawaat révèle déjà quelques détails sur le ‘chef’ de ce réseau d’espionnage consacré à la Tunisie : «Un jeune Tuniso-Allemand qui agit depuis Tunis». Dans les leaks que va dévoiler Wikileaks prochainement, Nawaat a détecté pas moins de 5000 correspondances entre ces corbeaux infiltrés en Tunisie et STRATFOR. Des correspondances que l’équipe de Nawaat est en train d’analyser pour les publier dans un futur proche sur son portail.

Depuis que les réseaux sociaux ont pris de l’ampleur dans la vie des Tunisiens, le citoyen lambda s’expose à de multiples risques. Et pour cause : en publiant des informations personnelles sur son compte facebook et/ou twitter (photos, statut ou encore coordonnées géographiques), l’internaute offre sur un plateau des données que n’importe qui peut exploiter. Mais avec ces dernières révélations, il s’avère que les premiers à en bénéficier sont les services de renseignements des pays étrangers. Sans le réaliser, le Tunisien sur Internet devient donc un espion pour la CIA.

Seif Eddine Akkari

Laissez votre commentaire sur le forum

Facebook Comments

Plus Populaires

To Top