Le syndicat PTT a organisé le jeudi 12 mai une conférence de presse au siège du secrétariat d’Etat chargé des technologies de communication. La direction du syndicat a évoqué le blocage de la situation dans l’application du PV du 9 février, notamment le licenciement de la 60aine de directeurs aux salaires mirobolants. Elle a ouvertement accusé leur partenaire stratégique EIT de faire preuve de mauvaise foi à ne pas appliquer les clauses de ce PV, au point de les traiter de “force coloniale”.
Le syndicat a par la suite évoqué quelques exemples de corruption et de malversions financières au sein de Tunisie Telecom. Et non sans surprise, les syndicaux ont encore une fois imputé la responsabilité de ces dossiers à EIT. Bref, après une heure de plaidoyer, le syndicat a diabolisé le partenaire émirati et a demandé au gouvernement de «casser» le contrat TT qui lie la Tunisie avec les Emiratis… au nom de «la souveraineté de l’Etat».
On osera même déclarer aux journalistes que la privatisation de Tunisie Telecom était une erreur stratégique et que sans ça, Tunisie Telecom aurait était encore plus compétitive aujourd’hui.
A la fin de la conférence et dans un moment d’excitation suprême (ou d’extase révolutionnaire ?), un membre du syndicat a appelé à chasser les investisseurs étrangers du pays car ils représentent «une force coloniale» dans un pays rendu libre grâce à la révolution du 14 janvier.
Après la conférence et dans une discussion que nous menons en aparté avec l’un des syndicalistes, nous entendons : «Il faut que le contrat qui nous lie aux Emirats Unis soit rompu et que l’Etat reprenne le contrôle total de Tunisie Telecom. Je ne vois pas où est le problème là-dedans». Ce membre du syndicat PTT tire la légitimité d’une telle décision du statut révolutionnaire de la Tunisie. «Le gouvernement a suspendu le travail avec la constitution, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas en faire de même pour un contrat comme celui de Tunisie Telecom».
Après la sortie de la majorité des journalistes, un membre de la direction du syndicat PTT a donné à un confrère resté dans la salle, une invitation pour un meeting politique.
«A l’occasion de l’obtention de son autorisation légale, le parti du travail tunisien (PTT) vous invite à une conférence de presse, le samedi 14 mai 2011 à 11h du matin à l’hôtel El Mechtel», lit-on sur la carte. Son secrétaire général n’est autre que Abdeljelil Bédoui, grande figure de l’UGTT. Avec le recul de cette information, les sit-in et grèves de Tunisie Telecom prennent “soudainement” l’allure d’une campagne électorale…
Des salariés de Tunisie Telecom nous ont avoué leur peur d’aller travailler malgré la grève décrétée par le syndicat. La raison ? Ils ont été harcelés par des syndicalistes qui leur ont ordonné (parfois sous la menace) de suivre le troupeau.
L’affaire Tunisie Telecom, qui se complique de jour en jour, relèverait-elle plus du chantage politique que des revendications sociales ?
W.N
Regardez des extraits de la conférence de presse du syndicat PTT sur Malissonline.com où M. Mongi Ben Mbarek, président du syndicat PTT, évoque le cas de la régie publicitaire Bien Vu qu’il accuse de “corruption financière”.
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