Tunisie Telecom lance à partir d’aujourd’hui ses offres Internet à très haut débit pour le grand public, appelées Rapido. Deux débits sont disponibles : 30 et 50 Mb/s. Le premier sera facturé à 109 dinars par mois. Quant au deuxième, il coûtera plutôt 139 dinars par mois. Petite nouveauté avec ce service : une seule et unique facture. Fini donc la redevance ADSL et l’abonnement FAI à payer à part. Tunisie Telecom sera désormais la seule vis-à-vis.
Mieux encore : avec Rapido, Tunisie Telecom lance, enfin, son service de VoIP pour le grand public. En effet, les clients Rapido auront un nouveau numéro de fixe grâce auquel ils pourront parler gratuitement avec tout le réseau de Tunisie Telecom (fixe et mobile), le MVNO Elissa inclus. Y aura-t-il d’autres numéros nationaux et internationaux qui seront intégrés dans l’offre téléphonie illimitée du service Rapido ? Du côté de l’opérateur historique, on préfère y aller mollo et se concentrer plutôt sur le fibrage de nouveaux quartiers.
En collaboration avec Topnet, FAI filiale de Tunisie Telecom, Rapido n’est en effet disponible (pour le moment) qu’à Sidi Bou Said et très prochainement aux Berges du Lac. Et c’est lors d’une soirée organisée le 12 décembre au restaurant Dar Zarrouk à Sidi Bou Said, que le PDG de TT, Mokhtar Mnakri, a donné le coup d’envoi de ce service basé sur la fibre optique : la FTTH.
Mais pourquoi Sidi Bou Said ?
Pour les non initiés, la FTTH (Fiber To The Home) est un mode de raccordement en fibre optique (FO) jusqu’à la maison de l’abonné. Jusque-là, les FO étaient essentiellement utilisées pour les grandes liaisons (Backbone) entre les différents centraux. La capacité quasi-illimitée qu’elle offre permet de faire transiter une grande quantité de Data. Depuis quelques années -et pour répondre à des besoins accrus en bande passante chez les professionnels-, Tunisie Telecom a relié plusieurs sièges d’entreprises à la fibre optique. Son introduction pour le grand public est, donc, une première en Tunisie.
Mais pourquoi TT lance-t-elle la FTTH à Sidi Bou Said -et prochainement aux Berges du Lac- et non pas ailleurs ? Même pas dans d’autres quartiers huppés de la capitale comme Carthage ou la Marsa ? Réponse : la FTTH était déjà en stade de test dans ces deux zones depuis plusieurs années. Annoncé comme un projet-pilote à Sidi Bou Said en 2006, ce n’est qu’en 2009 que le fibrage de cette ville touristique a bien progressé et que les premiers tests techniques ont abouti. Quelques bâtiments haut standing aux Berges du Lac ont pu, à leur tour, être raccordés à la FTTH vers fin 2010.
FTTH de TT : Capacité illimitée, mais…
Pour sa fibre optique jusqu’à la maison de l’abonné, Tunisie Telecom a opté pour la technologie GPON et non le Peer To Peer (P2P). Un choix compréhensible vu qu’en termes d’installation et de consommation d’énergie, le P2P s’avère très onéreux. Bien que la capacité de la FO se voit limitée par le nombre de raccordements voisins sur la même fibre en amont, le GPON offre, tout de même, le confort d’une navigation aisée avec des services très gourmands en bande passante, comme la télévision en HD.
Mais avec les déboires de sa branche fixe, Tunisie Telecom ne vient-elle pas de signer l’arrêt de mort du téléphone fixe classique en lançant maintenant sa fibre optique ?
Sur cette question, la direction de TT se contentera de nous répondre que dans tous les pays où la FTTH a été lancée, le réseau cuivré n’a pas affiché de déclin.
Mais si dans ces pays la prospérité du réseau cuivré n’a pas été remise en question, en Tunisie, par contre, le nombre de lignes fixes classiques est en train de fondre comme une peau de chagrin.
Doit-on oublier le fixe classique et attendre la FTTH ?
Quoi qu’il en soit, le lancement de la FTTH de Tunisie Telecom reste toujours une bonne nouvelle pour l’Internet en Tunisie, et surtout l’économie du pays. Dans tous les pays développés, les gouvernements établissent des plans pour substituer la FO à l’accès ADSL.
Mais si, chez les opérateurs alternatifs, on mise tout sur la FTTH, les opérateurs historiques, par contre, se trouvent contraints de perdre l’investissement de tant d’années sur le cuivre. Faut-il rappeler que Tunisie Telecom n’a pas encore amorti son réseau fixe cuivré puisqu’il n’est exploité qu’à un tiers environ ?
La solution que TT pourrait envisager ? Le VDSL2. Une technologie qui combine la fibre optique à la bonne ligne cuivrée classique. La direction nous affirmera durant la soirée qu’elle envisage sérieusement de l’adopter pour fournir un Internet fixe meilleur (en terme de débit) que l’ADSL classique ou encore la 3G. Cette 3G dont le succès commence à poser de sérieux problèmes à la prospérité de tout le secteur des TIC en Tunisie.
Welid Naffati
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