Le scandale des députés qui trichent pendant le vote à l’assemblée nationale constituante (ANC) n’est pas prêt de se terminer de si tôt. Après que Azad Badi, député récemment démissionnaire du Congrès pour la République (CPR), a dénoncé le vote en doublon ou en triplon de quelques uns de ses camarades -chose qui, par ailleurs, a été confirmée par le président du bloc Ennahdha à l’ANC, Sahbi Atig-, voilà que quelques facebookeurs se sont mis à traquer les tricheurs.
Equipés de leur Smartphones, ils ont filmé depuis les tribunes, les élus du peuple pendant le vote électronique. Quelques vidéos commencent à circuler sur facebook montrant des députés appuyer sur les boutons de vote des chaises vides.
Le premier à se faire prendre la main dans le sac est Abdelmonem Krir, ex-député de la Pétition populaire, devenu maintenant indépendant.
Une deuxième est sortie par la suite montrant Iyed Eddahmani, députés du Parti Démocrate Progressiste (PDP), appuyer sur le bouton du siège vide à sa droite. Même scénario pour une autre députée qui s’est déplacée pour lui parler et qui, en passant, a appuyé sur le bouton d’un collègue absent.
La polémique a pris de l’ampleur aujourd’hui 10 mai lors de la séance plénière, en début de soirée, où le président de l’assemblée, Mostapha Ben Jaafer, a fait remarquer que le nombre des votants dépasse de très loin le nombre des présents. Après le décompte, il s’est en effet avéré que 146 députés seulement étaient présents dans l’hémicycle (sur un total de 217). Le compteur du vote électronique affichait, quant à lui, 162 voix.
M. Ben Jaafer a alors proposé que le vote soit refait à la main levée. Cette décision a poussé le député Azad Badi à intervenir et faire noter au président de l’assemblée qu’il n’était nullement mentionné dans le règlement intérieur la possibilité d’annuler un vote. Une faille règlementaire qui a été confirmée plus tard par Habib Khdher, député Ennahdha à l’ANC et ex-rapporteur de la commission du règlement intérieur.
Mais c’est une autre faille que la société civile vient de découvrir le même jour : la possibilité d’annuler son vote. D’après Mosaique FM, des querelles ont éclaté aujourd’hui 10 mai, après le vote sur un article qui donnerait des avantages aux petits agriculteurs. 78 voix ont approuvé la décision avant que Mostapha Ben Jaafer n’intervienne pour préciser que certains élus n’ont pas assimilé l’article en question. Le nombre des votes favorables a alors immédiatement baissé à 60 voix. En clair : si un député vote, il peut se rétracter par simple appui sur un bouton.
L’opposition a alors dénoncé des dépassements antidémocratiques et contraires au règlement intérieur de l’Assemblée. Quant au peuple, il observe en silence les gamineries, voire même l’incompétence, de ceux qui le représentent. L’histoire retiendra que la haute autorité législative du pays n’a pas un système de traçabilité du vote électronique et que les députés n’assument pas leurs décisions.
Welid Naffati
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