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Tunisie : «Un journaliste est un bloggeur, mais le contraire n’est pas vrai»

Tunisie : «Un journaliste est un bloggeur, mais le contraire n’est pas vrai»

L’agence de presse historique Tunis Afrique Presse (TAP), véritable pilier de la presse tunisienne, a organisé une table-ronde le mardi 7 mai à Tunis sous le thème «liberté d’information et éthique professionnelle». Cet événement a été co-organisé avec la fondation allemande «Konrad-Adenauer-Stiftung».

Tunisie : «Un journaliste est un bloggeur, mais le contraire n’est pas vrai»L’agence de presse historique Tunis Afrique Presse (TAP), véritable pilier de la presse tunisienne, a organisé une table-ronde le mardi 7 mai à Tunis sous le thème «liberté d’information et éthique professionnelle». Cet événement a été co-organisé avec la fondation allemande «Konrad-Adenauer-Stiftung».

Au cours de cette conférence, les intervenants sont revenus sur l’éthique du métier et la responsabilité du journaliste envers la société et l’opinion publique. Déplorant plusieurs dépassements qui ont donné lieu à de véritables tragédies : comme la persécution ou le suicide des personnes ayant fait l’objet d’enquêtes mal achevées et qui ont été révélées par des articles de presse dans la course du scoop et de l’audimat.

La nouvelle HAICA, entité fraichement mise en place pour la régulation du secteur des médias, a été également au centre du débat, surtout quand les intervenants ont évoqué le sujet de l’autorégulation. «Aucune censure ne doit être opérée grâce à cette autorité», a insisté un représentant du syndicat allemand des journalistes, qui a mis en exergue le rôle que doivent jouer les structures syndicales du métier pour ce type d’autorégulation. 

Les blogueurs, quant à eux, ont fait l’objet de critiques sévères par les «professionnels» du métier. Ces derniers ont d’ailleurs expliqué que tous les journalistes sont des blogueurs de nature. Mais l’inverse n’est pas vrai. Les blogueurs ont même été accusés d’amateurisme dans le traitement des informations dans une enquête journalistique, en citant le cas de Olfa Riahi. «En évoquant la vie privée de l’ex-ministre des Affaires étrangères, elle avait complètement décrédibilisé son enquête sur la dilapidation de l’argent public», ont-il déclaré lors de la table-ronde.

La deuxième partie de la conférence était un peu plus technique. Ridha Najar, journaliste et membre du syndicat des journalistes, est revenu sur le fameux sujet de la propriété intellectuelle, déplorant la récupération automatique des dépêches de la TAP par plusieurs médias et notamment ceux en ligne sans en mentionner la source, ou encore moins payer les frais de participation pour l’accès aux ressources de la TAP.

C’est d’ailleurs la principale raison qui a poussé l’agence à développer une nouvelle version du site qui interdit le copier-coller grâce à la désactivation du clic droit par code Javascript. Plus : les articles faits-maison (couverture, enquête, interview, etc.), sont devenus payants. Pour les lire en entier, il faut s’abonner. Seules ressources gratuites : les communiqués officiels et les informations d’intérêt général. La direction de la TAP ne cache pas sa volonté d’adopter un modèle économique dans le style du journal «Le Monde». Et ce changement de stratégie touchera même les archives de la TAP qui vont devenir payantes. 

Les débats n’étaient pas très animés mais les interventions étaient, par contre, de qualité, bien que sarcastiques sur les bords. Les «barons du journalisme professionnel d’agence» ont déploré le grand amateurisme des nouveaux médias en ligne qui, selon eux, reproduisent ‘bêtement’ les informations publicitaires et les buzz sans respecter les règles journalistiques. A l’instar du copier/coller des communiqués de presse, sans rajout de valeur ajoutée, et du fait de les signer par la suite par «D’après communiqué» ou, pire encore, par le nom du journaliste qui l’a reçu. 

Emir Sfaxi

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