Et si on déclenchait sa procédure de divorce sur Internet ? C’est l’idée originale d’un avocat tunisien spécialisé en TIC. En réalité, ce site ne permet pas de déposer sa demande de divorce devant un tribunal. Elle permet, en fait, à l’Internaute (qui généralement n’ose pas franchir le premier pas qu’est celui de la consultation au cabinet) de connaître ses obligations et ses droits avant de préparer le dossier. Comment ?
Et si on déclenchait sa procédure de divorce sur Internet ? C’est l’idée originale d’un avocat tunisien spécialisé en TIC. En réalité, ce site ne permet pas de déposer sa demande de divorce devant un tribunal. Elle permet, en fait, à l’Internaute (qui généralement n’ose pas franchir le premier pas qu’est celui de la consultation au cabinet) de connaître ses obligations et ses droits avant de préparer le dossier. Comment ? En contactant un avocat en ligne. Et c’est maitre Nafaâ Laaribi qui a eu cette idée. «Je suis avocat inscrit au barreau de Tunisie. Je poursuis au sein de mon cabinet une activité dominante liée aux droits des TIC et des télécommunications ainsi que la propriété intellectuelle. Evidemment, la cybercriminalité et le droit sur la sécurité informatique ainsi que la protection des données personnelle trouvent tout leur sens dans ce domaine d’activité». C’est ainsi qu’il s’est présenté au début de notre rencontre. Interview.
THD : Depuis quand Divorce.tn a été crée, c’est quoi son principe et d’où avez-vous eu l’idée ?
Maitre Nafaâ Laaribi : Divorce.tn a été lancé courant mars 2016. Le site a une page facebook appelée également “divorce.tn”. L’idée vient du constat d’un réel besoin en matière de consultations juridiques en ligne sur le “marché” tunisien du droit. Les habitudes de consommations des Tunisiens sont en train de connaitre de grands changements. Le commerce électronique se démocratise de plus en plus, la technologie est neutre et nous sommes tous égaux non seulement devant la loi mais aussi face à la technologie. Les Tunisiens ont de plus en plus recours au paiement en ligne grâce aux sites marchands notamment STEG, les opérateurs téléphoniques, la SONEDE, etc. Et dernièrement, on voit émerger ces fameux sites de “deal”. Tout ceci a donc éduqué les Tunisiens qui sont prêt à avoir un service en ligne, même celui des avocats.
Maitre Nafaâ Laaribi lors du sommet Afrinic
En réel, la profession d’avocats “en ligne” ou ‘service juridique en ligne’ n’est pas si nouveau que ça. En effet, ce genre de service a connu sa gloire au début des années 2000, pendant une dizaine d’année aux Etats Unis et en Europe. Ce model économique à fait le bonheur de centaine de jeunes entrepreneurs et a permis de créer des milliers d’emplois. Tout ce beau monde n’avait pas forcément la qualité d’avocat. Et c’est à juste titre que les barreaux français les ont qualifiés de “pirates du droit” et une guerre juridique et procédurale sans merci s’est déclenchée entre certains barreaux de France et entreprises du service juridique en ligne. La problématique juridique de ces services est inhérente à la profession d’avocat strictement règlementée en France, comme en Tunisie d’ailleurs, où l’avocat dispose d’un monopole sur les consultations juridiques ainsi que sur l’instance devant les tribunaux. C’est du moins ce que prévoit la loi tant française que tunisienne.
Combien recevez-vous en moyenne de demande par jour en temps normal et combien vous en recevez quand vous lancez une campagne de sponsoring sur facebook ? Combien de ces demandes se traduisent en consultations au cabinet et donc ils deviennent des prestations payantes ?
Il y a un sacré décalage entre les adhésions naturelles et les adhésions suite a des compagnes de sponsoring de la page facebook. Au départ, j’ai commencé par inviter des amis sur mon profile, sans que ça donne un bon résultat. J’ai été donc obligé d’utiliser, sporadiquement, ce sponsoring facebook. Maintenant la page dépasse les 6000 “mentions j’aime”. Je n’ose qualifier ce chiffre ni de bon ni d’insuffisant étant donné que je ne suis pas spécialiste ni du markéting, ni de la communication.
Depuis, je commence à recevoir de plus en plus de justiciables, soit pour consultations, soit pour enrôler une affaire en divorce ou en pension alimentaire. Pour les chiffres, je préfère les garder pour moi. D’abord parce que le temps n’est pas encore aux statistiques. Ensuite parce que le module de paiement en ligne est en cour d’installation sur le site, pour ainsi démarrer la consultation écrite payante ou même la téléconférence payante au temps passé.
Comptez vous faire la consultation 100% en ligne et comment allez vous y procéder ?
Le but essentiel du site Divorce.tn et de proposer aux justiciables des consultations juridiques écrites liées au droit de la famille, en ligne et payantes.
Il y aura même des consultations non écrites, et donc verbales, soit par vidéoconférence en direct soit par téléchargement de vidéos déjà enregistrées pour le compte du client/cliente.
Les clients auront droit de poser jusqu’à trois questions dans une même consultation. Une fois la réponse formulée, dans les deux langues, ils auront droit à une autre question d’éclaircissement gratuite le cas échéant.
Le module de paiement et la solution technique est en cours d’implémentation avec la Société Monétique Tunisie via CLICTOPAY. Nous optant pour cette solution pour le moment pour nous élargir ensuite à la solution de La Poste.
Capture d’écran du site Divorce.tn encore en sa phase de test
Avez-vous trouvé des difficultés particulières avec Divorce.tn ?
Pas particulièrement, si ce n’est les aspects techniques liés au développement du site web. Mais surtout le temps consacré à cette nouvelle activité, à laquelle il faut lui appliquer toute la rigueur du juriste ainsi que celle du manager.
Quels sont les problèmes les plus prédominants dans vos consultations ? Est ce qu’ils sont beaucoup plus ouverts à discuter via Internet que via le cabinet en live ?
Les clients/clientes posent tout genre de questions concernant leur futur divorce ou encore comment résoudre un problème conjugal sans passer forcement par le divorce. Comme par exemple des épouses qui demandent une pension alimentaire a leur époux récalcitrants.
Ou encore des maris qui se sentent délaissés par leurs femmes pas trop présentes ou peu à l’écoute dans le couple ! La sexualité est très présente aussi dans les soucis qui opposent les maris aux femmes, bien évidemment.
J’ai donc remarqué un phénomène assez compréhensible : Les justiciables étant pudiques, ils/elles sont plus ouverts, effectivement, derrière leur claviers en se cachant souvent derrière des pseudonymes pour ainsi garder l’anonymat, mais cela se comprend parfaitement et ne pose aucun problème.
Propos recueillis par Welid Naffati