La liste indépendante “Allons de l’Avant”, se présente pour la constituante sur la zone France2 (sud). A sa tête : Mme Ines Hammami, Professeur universitaire en informatiques résidente en France. Un pays qui, en matière de nouvelles technologies, commence à appliquer une forme de censure sur le Net qui porte même atteinte à la vie privée. C’est la fameuse loi Hadopi.
Mais quid d’une telle loi pour la Tunisie ? Risquons-nous de la voir un jour promulguée par le prochain gouvernement de transition sous la houlette de l’assemblée constituante. Qu’en pense cette liste des Tunisiens en France ? «Nous sommes évidemment contre une loi Hadopi à la Française en Tunisie», répond Mme Hammami à Malissonline.com et thd.tn. «Cette loi présente de nombreuses restrictions et atteintes aux libertés. Nous sommes contre ce genre de pratiques».
Rappelons au passage que cette loi qui devait, théoriquement, combattre le piratage sur le Net, a été promulguée en France en 2009. Elle avait engendré de violentes critiques contre le gouvernement car jugée anticonstitutionnelle à cause des points visant l’anonymat et la restriction des libertés.
Non au piratage sur Internet en Tunisie
Mais si un Hadopi n’est pas envisageable en Tunisie, devrons-nous laisser pour autant le terrain libre au piratage ? «Bien sûr que non», a-t-elle répondu. «Tout travail doit être justement rémunéré, c’est injuste de ne pas payer les efforts d’un développeur. Nous pouvons limiter le recours au piratage en permettant l’expansion des échanges de quelques produits quand il s’agit d’utilisation à fin non commerciale, mais nous ne pouvons pas permettre de bafouer les droits propriétaires».
Cette prof d’informatique affiche de grandes ambitions pour la Tunisie en matière des technologies d’information. La tête de la liste “Allons de l’avant” sur la zone France2 défend carrément la promulgation d’une loi garantissant un accès gratuit à Internet pour tout citoyen.
Mais le modèle finlandais, qui a rendu l’accès à une connexion Internet un droit constitutionnel, est-il possible à appliquer en Tunisie et avec la gratuité en plus ? «Oui, c’est possible d’assurer la gratuité à tout Tunisien», affirme Mme Ines Hammami. «Cela devrait même être un droit constitutionnel. Ceci permettra aux citoyens d’agir dans le cadre d’une démocratie participative».
Un internet gratuit à tous… mais par étape
En cette crise financière, garantir la gratuité et surtout la disponibilité d’une connexion Internet dans tous les coins et recoins de la Tunisie, peut paraitre utopique pour quelques-uns. Pour Mme Hammami, c’est tout à fait possible. Mais, par contre, ce n’est pas demain la veille qu’on y arrivera : «On ne demande pas une action immédiate, juste une promulgation de loi et des études, puis petit à petit on y arrivera», s’explique-t-elle. «D’ailleurs, pourquoi ne pas utiliser la somme offerte par le G8 pour supporter et garantir le droit d’information (et donc subventionner l’accès à l’information, ndlr) ?»
D’après la logique de Mme Hammami, c’est en démocratisant la connexion qu’on arrivera à «garantir l’Open Data et améliorer les relations Gouvernant-Gouverné» sans parler de son intérêt à accélérer la mise en place de l’e-administration. Elle ne manquera pas de rappeler au passage que «les données appartiennent à tout le monde, et non uniquement à l’Etat».
D’autre part, et à ce propos, Mme Ines Hammami exprimera son entière adhésion à l’idée de faire participer les internautes dans l’écriture de la prochaine constitution : «Pourquoi ne pas mettre à la disposition des internautes une e-constitution où ils pourront donner leurs avis ? Je suis tout à fait d’accord avec cette idée», conclut-elle.
Seif Eddine Akkari
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