Acteur global de la transformation numérique, Inetum a récemment inauguré un nouveau siège à Tunis. L’entreprise a, également, choisi aux commandes l’experte en cybersécurité et digitalisation du secteur public tunisien, Syrine Tlili, anciennement directrice générale de l’Agence nationale de certification électronique (ANCE) et PDG par intérim de l’opérateur national, Tunisie Telecom. Interview avec le président-directeur général du Groupe Inetum, Vincent Rouaix.
Pouvez-vous nous rappeler les domaines d’intervention d’Inetum ?
Inetum accompagne ses clients dans leur dynamique de transformation digitale à plusieurs niveaux : le conseil, l’intégration de solutions…, qu’il s’agisse du secteur privé ou du secteur public. C’est d’ailleurs ce que nous faisons en Tunisie. Nous intervenons en particulier dans les processus digitaux administratifs, mais aussi dans le monde privé autour des ERP et de l’industrie 4.0.
En tant qu’acteur impliqué sur le marché tunisien, pensez-vous que les entreprises tunisiennes affichent encore de la résistance à la digitalisation ?
Oui, en effet. Il y a encore de la résistance à la digitalisation que j’ai pu constater au cours de mes premiers voyages en Tunisie en 2018, à l’occasion de mes rencontres avec un certain nombre d’acteurs publics et privés. Cependant, il y a eu une accélération de la prise de conscience durant la crise Covid-19 – tant de la part des autorités publiques que de la part des acteurs privés – sur la nécessité du digital pour la survie de certains métiers, pour se développer et gagner des parts de marchés. Le Covid-19 a été indéniablement un facteur positif.
À votre avis, quel est le premier défi à surmonter pour amorcer la transformation digitale au sein des entreprises tunisiennes ?
Les transformations en entreprise ont toujours réussi sous une contrainte externe. La crise Covid-19, par exemple, a fait comprendre à nos clients la nécessité de la transformation. Aujourd’hui, les CEOs s’intéressent de plus en plus au digital, mais ils ont besoin de trouver des leviers qui leur permettent de naviguer demain de façon profitable dans un environnement mouvant qui évolue à une grande vitesse ; les transformations sociétales s’opèrent de façon plus rapide que dans le passé. Je crois que tous les CEOs ont compris que le digital et la transformation de leurs entreprises doit être au top de leurs priorités. D’ailleurs, alors que tout le monde parle de récession, nous voyons, tout de même, des entreprises continuer à mobiliser des budgets pour le digital, car il représente un facteur de résilience, de développement, et d’efficience. Les gros opérateurs ont compris que nul n’était à l’abri d’une disruption et que les parts de marchés de demain seraient guidées par la transformation digitale.
Les entreprises se posent encore la question sur le niveau de sécurité. Cela, représente-t-il un frein à la transformation ?
Je crois, donc, qu’il s’agit plus d’un prétexte. La sécurité est un sujet majeur que les ESN prennent au sérieux. Chez Inetum, nous avons introduit un ensemble d’investissements significatifs pour être capable d’apporter des solutions totalement sécurisées et qui correspondent aux normes de sécurité, aux exigences et à la pérennité des opérations chez les entreprises. Le fait de ne pas être digitalisé, aujourd’hui, est un risque encore plus important que les risques inhérents à la question de la sécurité, ceux-ci étant pratiquement tous maîtrisés. Certes, il y aura des problèmes de souveraineté à traiter dans l’avenir par protectionnisme ou protection, mais ça ne peut pas constituer un frein. L’immobilisme conduit à des catastrophes industrielles.
Walid Naffati & Nadya Jennene