La cybercriminalité a connu une hausse considérable dans le monde. La prolifération de ce phénomène revient, entre autres, au changement du mode de vie des individus, de plus en plus connectés. L’une des manifestations de la cybercriminalité et ce qu’on appelle la cyberintimidation (cyberbullyning). Par définition, la cyberintimidation est l’utilisation de l’Internet pour harceler, humilier ou menacer quelqu’un. Cela peut, également, aller jusqu’à l’usurpation d’identité dans le but de nuire à la réputation d’un individu ou de diffuser de fausses informations.
En Tunisie, comme ailleurs dans le monde, la cybercriminalité est en hausse. L’expert en cybercriminalité, Dr Mohamed Hamdi affirme que la démocratisation de la connectivité en Tunisie a largement contribué à ce phénomène. « Le taux de connectivité est passé de 37 à 72% entre 2011 et 2022. Les connexions cellulaires représentent, elles, 10% de l’ensemble des connexions en Tunisie », a-t-il indiqué dans son intervention lors du premier épisode de War Room, la nouvelle capsule Web produite par THD en partenariat avec le ministère des Technologies de la communication et sponsorisée par Huawei Technologies. Cela explique, entre autres, la prolifération du crime cybernétique, la cyberintimidation, notamment, selon Dr. Hamdi.
Le taux de plaintes en lien avec des crimes cybernétiques augmente de 13% d’année en année, selon l’experte en cybersécurité, criminologie et prévention de la déviance, Mayssa Zerzri. Elle soutient que près de 6.000 plaintes sont déposées chaque mois. « Les ¾ concernent des personnes physiques et le ¼ des personnes morales. Ces plaintes sont en majorité en lien avec des cas de piratage de comptes sur les réseaux sociaux, de diffamation ou encore d’atteinte à la réputation », a-t-elle précisé. « 50% des plaintes déposées proviennent des gouvernorats de Tunis, Sousse, Sfax, Kairouan, Manouba et Kasserine », a-t-elle ajouté.
Si la prise de conscience inhérente à la cybercriminalité et la cyberintimidation en particulier a grandi en Tunisie, les répercussions psychologiques sur les victimes sont encore taboues. La cyberintimidation peut avoir des effets néfastes et persistants sur les victimes : la dépression, l’anxiété, et conduit, dans certains cas, au suicide. Selon l’avocate et militante des droits de l’Homme, Bochra Bel Hadj Hmida. « Il y a eu des cas de suicide, mais on n’en parle pas », a-t-elle assuré notant qu’aucune loi en Tunisie n’incrimine l’incitation au suicide, notamment.
Elle souligne, cependant, que le Code des télécoms aurait pu être un bon mécanisme pour combattre la cybercriminalité. « Il reste toutefois la question de l’IP que l’on ne peut pas retracer, des fois », a-t-elle signalé dénonçant l’application du décret 54, considéré liberticide bien qu’il ait été structuré pour être conforme à la Convention de Budapest dont l’objectif est de fluidifier la coopération entre les signataires en matière de cybercriminalité.
L’épisode au complet est disponible sur notre chaîne Youtube.
Nadya Jennene