Pendant que l’actualité politique commence à prendre le dessus sur l’événement qui a secoué la Tunisie il y a deux semaines, à savoir l’assassinat politique du militant de gauche Chokri Belaid, les facebookeurs tunisiens tentent de rappeler au pouvoir en place, et par dessus tout à Ennahdha, que toutes les petites magouilles politiciennes n’arriveront pas à leur faire oublier la tragédie.
Pendant que l’actualité politique commence à prendre le dessus sur l’événement qui a secoué la Tunisie il y a deux semaines, à savoir l’assassinat politique du militant de gauche Chokri Belaid, les facebookeurs tunisiens tentent de rappeler au pouvoir en place, et par dessus tout à Ennahdha, que toutes les petites magouilles politiciennes n’arriveront pas à leur faire oublier la tragédie.
C’est ainsi qu’un collectif d’administrateurs de pages Facebook tunisiennes a lancé une opération, aujourd’hui mardi 19 février, sur les réseaux sociaux, intitulée «Qui a tué Chokri Belaid ?». Cela fait, 15 jours, jour pour jour, qu’il a été tué devant chez lui à Menzah 6. Cela fait 15 jours aussi qu’ «on» n’a pas encore arrêté son tueur. Le mardi 6 février, la Tunisie s’est réveillée sous le choc sur cette info. Même si beaucoup ne le connaissaientt pas, toute la Tunisie s’est soulevée du nord au sud. Des milliers de Tunisiens en émoi sont sortis dans la rue, notamment au centre ville de Tunis, devant le Ministère de l’Intérieur, pour crier leur rage et leur indignation.
Sous le choc, le président du gouvernement et accessoirement Secrétaire Général d’Ennahdha, Hammadi Jebali, a annoncé la création d’un gouvernement réduit de technocrates qui n’auront aucune appartenance politique. «Je n’ai consulté aucun parti politique et je ne compte pas me soumettre à leurs conditions», a-t-il dit lors d’un discours retransmis à la télé. Une annonce qui a provoqué une crise politique majeure puisque son propre parti, majoritaire dans l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), l’a réfutée en bloc au point d’appeler à la démission de Jebali.
Depuis, le chef du gouvernement a multiplié les rencontres avec tous les partis politiques représentés à l’ANC afin d’obtenir le plus large consensus possible. Mais toutes ces opérations de main tendue ont été vouées à l’échec (surtout avec le veto de Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha) et l’ont poussé à présenter sa démission hier mardi 19 février au président de la République.
L’affiche «Qui a tué Chokri Belaid ?» avec en-dessous la phrase «Manach Msalmyne…» (On ne lâchera pas l’affaire…)
Les plus sceptiques ont dénoncé hier sur facebook une énième magouille du mouvement islamiste afin de dévier l’attention du peuple des vrais problèmes et donner plus de temps à Ennahdha pour s’accaparer tous les appareils de l’Etat. D’autant plus que le numéro 13 du Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) fait état de plus d’une 50 aine de nominations au ministère de l’Intérieur.
Cette opération «Qui a tué Chokri Belaid» vise donc rappeler aux Tunisiens que le ministère de l’Intérieur sera encore plus complice que le parti qui le gouverne -Ennahdha en l’occurrence-, s’il ne parvient pas à arrêter le coupable, le vrai, dans les prochains jours. Et pour cause. Le site Nawaat.org a fait éclater au grand jour en janvier dernier, c’est à dire un mois avant l’assassinat de Chokri Belaid, l’affaire d’une cellule au sein dudit ministère qui serait à la solde de quelques dirigeants d’Ennahdha. Dans des enregistrements vidéo fuités, et d’après l’enquête journalistique menée par l’équipe de Nawaat, cette cellule a pour mission de liquider plusieurs politiciens et journalistes opposants au mouvement islamiste.
Une affaire dont la justice tunisienne s’est saisie après le tollé qu’elle a provoqué. Aucune information n’a filtré depuis sur l’avancement de l’enquête. Chose qui, par ailleurs, n’étonne guère les Tunisiens vu que le ministère de la Justice est, lui aussi, sous le contrôle d’Ennahdha.
Et c’est justement pour ces deux raisons que cette opération a été lancée sur Internet car les Tunisiens ont réellement peur que l’affaire de Chokri Belaid tombe aux oubliettes par volonté (non affichée) de Rached Ghannouchi. Et c’est en maintenant la pression, que la société civile réussira à stopper les éventuels assassinats programmés, à en croire les révélations du site Nawaat, par la dite «cellule terroriste à la solde d’Ennahdha».
C’est en tous cas la conclusion qu’on peut tirer en étudiant les éléments graphiques de cette affiche. Surtout avec la phrase écrite en-deça de la photo de Chokri Belaid : «Manach Msalmyne» (on ne lâchera pas l’affaire).
Emir Sfexi
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