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Fétichisme, gonzo et porno ou les effets néfastes de «la révolution» en Tunisie (Partie 1)

Fétichisme, gonzo et porno ou les effets néfastes de «la révolution» en Tunisie

Le service Google Trends, est un outil de veille gratuit de la firme de Mountain View qui permet de suivre sur une période donnée (une année, un mois, une semaine, etc.) les termes les plus recherchés sur Google dans chaque pays. Pour le cas de la Tunisie, il permet de connaître les centres d’intérêt du moment des internautes tunisiens. Sur les 7 derniers jours, par exemple, les recherches sur la thématique du foot ont explosé. Ceci s’explique par les matchs de foot de la Tunisie et de l’Algérie dans le cadre des éliminatoires pour la coupe du monde 2014. D’une façon générale, et en suivant les résultats de Google Trends pour la Tunisie, on s’aperçoit rapidement que l’actu politique très brûlante du pays n’intéresse plus nos concitoyens.

Mieux : la plupart du temps, les internautes tunisiens cherchent sur Google des choses dans leur intérêt personnel (les sujets d’examen, les bourses d’étude, la météo, etc.) ou pour se divertir (comme c’était le cas pour le Twerking de Miley Cyrus aux MTV Vidéo Music Awards). Cette sorte de boycott des infos déprimantes est encore plus révélatrice avec l’apparition, de temps à autre, et notamment les weekends, des recherches relatives aux sites de contenus pour adultes.

La tendance est encore plus confirmée avec le classement d’Alexa des sites les plus visités en Tunisie. Bien que ce classement reste très biaisé (il récolte ses informations uniquement des utilisateurs qui ont installé leur toolbar), il donne, tout de même, une idée sur la quête du Tunisien pour le plaisir sexuel virtuel. Par exemple, xhamster.com, site pornographique gratuit, a tellement avancé dans le classement qu’il se rapproche maintenant du Top 20 des portails les plus consultés en Tunisie.

D’après des études récentes relayées dans les medias nationaux et internationaux, le taux de déprime et des tentatives de suicide chez les Tunisiens a pris des proportions inquiétantes ces derniers mois. Or, dans les études psychologiques, l’addiction est une forme de déprime. Un moyen que le subconscient trouve pour combler un manque ou calmer un malaise. Une addiction, quelle que soit sa forme, est aussi un moyen pour fuir une réalité ou une situation gênante.

Addiction, cette déprime qui ne dit pas son nom

Or loin du pluralisme sociétal et de toute analyse sociologique, des réalités bien palpables comme l’addiction au numérique guettent notre quotidien, souvent perçues comme des problèmes de second plan.

Aujourd’hui, on parle de 58% de personnes qui sortent leurs Smartphones dans les réunions de familles, 62% dans les réunions entre amis et 75% dans les toilettes. D’autres chiffres sont plus alarmants : 35% des personnes font semblant d’utiliser leur Smartphones pour éviter de parler à quelqu’un et 33% sortent leur téléphone pour paraitre occupés lorsqu’ils sont seuls. C’est dire que le Tunisien se renferme, de plus en plus, sur lui-même. Dans son monde imaginaire. Même dans son aspect le plus intime : le sexe.

«L’addiction à la pornographie est comparable à l’addiction aux drogues chimiques», affirme Dr Skander Boukhari, psychiatre, sexologue et toxicologue. «L’addiction à ce type de média frappe progressivement mais directement les valeurs de la société. Dissociant, ainsi, l’amour et la sexualité»

Selon le Dr Boukhari, ceci est une forme de refuge. L’être humain a, en effet, tendance à aller vers les plaisirs en période trouble. A titre d’exemple, les premières années de la révolution, la production d’alcool avait augmenté de près de 45%.

Fétichisme, gonzo et porno ou les effets néfastes de «la révolution» en Tunisie

Addiction, impacts et troubles sexuels

Les paroles du docteur Dr. Boukhari sont, donc, claires. Et le sujet n’est pas à prendre à la légère. Avec le manque, voire l’absence, d’éducation sexuelle chez nous, conjuguée à la sensibilité et la prédisposition psychologique de certains individus, il est clair que ce phénomène est un véritable fléau. Puisqu’il réduit la notion du partage humain pour ne se focaliser que sur le charnel.

«Les jeunes ont une approche assez virtuelle de la sexualité. Nombreux sont ceux qui ont connu leur corps, l’acte sexuel et tout ce qui en découle, à travers une vidéo sur Internet», affirme pour sa part Fridà Ben Attia, psychologue chez Africaine Santé et militante active au sein de la société civile tunisienne. Cette spécialiste qui a mené des études sur les troubles dans les relations familiales ira jusqu’à affirmer que deux réactions extrêmes peuvent découler de cette rupture avec le réel : «Pour certains, ça peut être choquant. Pour d’autre, cela les pousse à imiter la sexualité pornographique qui est assez violente (la tendance fétichiste, ndlr). Quel que soit le cas de figure, les fantasmes des jeunes dans une société qui réprime le désir sexuel s’exprime dans l’hypersexualité, la violence ou le refuge dans le monde virtuel».

En plus clair, cette surconsommation du porno sur Internet est une déprime qui ne dit pas son nom. Elle peut pousser à se renfermer encore plus sur soi. Comme elle peut pousser l’individu à se réfugier encore plus dans la consommation du porno et puis son déni total en société. Sinon, elle le pousse à pratiquer le sexe en réel à tout va (ce qui augmente les risques de MST). Voire même l’utilisation de pratique Sado-masochiste (SM). Or, ce dernier type de pratique sexuelle ne peut se faire sans avoir au préalable un minimum de connaissances physiologiques et psychologiques de celui qui la pratique.

Gonzo, fétichisme et les problèmes érectiles

L’addiction au porno touche de plein fouet les valeurs nobles de la société comme l’amour, la tendresse et le partage. Cette surconsommation virtuelle est arrivée au point de banaliser les styles pornographiques chez le Tunisien. D’après Dr. Boukhari, les sujets jeunes constituent la cible la plus sensible. Mais l’addiction est même possible pour des personnes adultes de 45 ans.

Et pourtant, un des problèmes que cela peut causer, c’est l’impuissance sexuelle. «L’anxiété de performance -valable aussi bien pour les filles que les garçons- cause des troubles graves pendant ou avant que ces sujets passent à l’acte (dans le cadre du mariage ou autre, ndlr)», rajoute-t-il. «La vue de scènes où des acteurs et actrices professionnels accomplissent des ‘prouesses sexuelles’ pourrait conduire à des troubles psychiatriques».

Le sujet tentera (ou du moins dans sa tête) de se comparer à ces acteurs/actrices. Il (le sujet) les prendra comme repère. Ainsi, peuvent en découler des tensions et de l’anxiété pendant le rapport au point de causer des blocages. C’est à dire une froideur chez les filles et un dysfonctionnement érectile chez le garçon. «La comparaison chez l’être humain est un reflexe automatique», rappellera à juste titre notre docteur.

Pour d’autres, vouloir imiter ces acteurs/actrices professionnels du sexe, ne pose aucun problème. Bien au-delà, ils/elles décident de pousser l’expérience plus loin avec des séances de Gonzo, ou l’un des partenaires filme son acte, ou fait, carrément appel à une personne tierce pour enregistrer ces moments de plaisir intimes.

Si en général, cette vidéo reste confidentielle pour une utilisation 100% privée (une sorte de stimulant sexuel dans les couples qui tentent d’éviter la monotonie), quelques Tunisiens, pourtant, osent la montrer à tout le monde, sur le Net. Et ils s’y affichent soit à visage caché, soit à visage découvert. A suivre.

Emir Sfaxi et Welid Naffati

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