«Avons-nous l’intention de faire entrer un 4ème opérateur téléphonique mobile et fixe en Tunisie ? Pour le moment non. Mais si l’état de la concurrence ne devient pas satisfaisant (avec une baisse des prix et une amélioration de la qualité, ndlr), on songera alors à octroyer une 4ème licence télécom», a déclaré Kamaal Saadoui, PDG de l’INT, le mardi 19 juin dernier au siège de la Banque Africaine de Développement (BAD) aux Berges du Lac à Tunis.
L’Instance Nationale des Télécommunications (INT) est en forme et l’a bien montré lors de cette table ronde organisée par la banque mondiale à Tunis au sujet de la réforme du secteur des TIC en Tunisie et son impact sur le développement. L’intention du régulateur de faire régner l’ordre dans le secteur des télécoms en Tunisie était bien affichée dans la présentation de son PDG.
Au début de son intervention, M. Saadaoui a dévoilé les derniers chiffres du fixe, mobile et Internet en Tunisie. Tous les trois se portent bien voire même très bien. C’est le cas du mobile qui, malgré la saturation du marché, continue encore son ascension : +138 mille nouvelles cartes SIM ont été activées en un mois (entre mars et avril). La 3G aussi se porte bien puisque plus de 22 mille abonnements Internet mobile se sont écoulés durant la même période.
Le seul indicateur qui fait grise mine, est celui de l’ADSL. Il affiche, et pour la première fois, une tendance négative. Entre avril et mars 2012, plus de 12 mille abonnés ont lâché leur Internet fixe. Ont-ils adopté la 3G à la place de l’ADSL ? Difficile de l’affirmer surtout que le nombre de lignes fixe a paradoxalement augmenté d’environ 5000 lignes durant la même période.
«D’une façon globale, le niveau de concurrence entre les 3 opérateurs est acceptable. Je dirais même qu’elle a tendance à s’améliorer. Avec l’octroi du fixe et de la 3G à Tunisiana notamment», explique le PDG de l’INT devant des représentants de la banque mondiale et des professionnels de la télécommunication, venus assister à l’événement. On a également noté la présence du directeur général de Hexabyte, Naceur Hidoussi ainsi que des représentants de deux des trois opérateurs télécoms. A savoir Orange et Tunisiana. Et c’est carrément le DG de la filiale de Qtel, Ken Campbell, qui s’est déplacé jusqu’aux bureaux de la BAD pour assister à l’événement.
«Tunisiana compte installer une fibre optique pour établir sa propre liaison internationale entre la Tunisie et l’Europe. M. Campbell avez-vous déjà commencé les travaux d’installation ? On vient de lire dans la presse que vous avez donné le coup d’envoi», a demandé en pleine présentation M. Saadaoui au DG de Tunisiana. «Je ne saurais vous le dire. Moi aussi j’ai appris la nouvelle via les journaux», répond-il en rigolant.
Du côté d’Orange Tunisie, l’INT a affirmé que le nouvel opérateur vient de louer chez Tunisie Telecom quelques fibres internationales. Serait-ce celui du Sea-Me-We-4 ? Fort probablement oui, vu que France Telecom, la maison mère d’Orange Tunisie, est, elle même, actionnaire dans le consortium qui a pu financer la construction de ce câble sous marin. Donc on peut dire qu’Orange Tunisie a pu enfin avoir le droit de passage de ses propres fibres depuis le point de chute du Sea-Me-We-4 à Bizerte. Un point dont Tunisie Telecom était responsable de la construction et de la gestion.
«Bien que la Tunisie soit assez bien connectée à l’international grâce à Tunisie Telecom, on encourage tout de même Orange et Tunisiana à ce qu’ils déploient leurs propres capacités pour une meilleure concurrence», déclare M. Saadaoui.
Le PDG du régulateur national des télécoms n’écarte pas la possibilité d’ouvrir encore plus ce marché en octroyant une licence à des sociétés privées pour l’installation et l’exploitation de câbles internationaux de liaison entre la Tunisie et l’étranger. Ces derniers pourront ainsi vendre leur service aux entreprises tunisiennes et africaines. Et pour cause, la Tunisie pourra devenir un carrefour d’échange entre le Maghreb et l’Europe grâce aux liaisons en fibre optique de la Société tunisienne d’électricité et des gaz (Steg) dans les zones limitrophes avec les pays voisins. A suivre.
Welid Naffati
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