La migration de l’IPv4 vers l’IPv6 devient une urgence. C’est dans ce cadre de l’Organisation arabe des technologies de l’information et de la communication a donné le coup d’envoi, lundi 9 mai 2022, le premier sommet interrégional sur l’IPv6. Organisé sous le haut patronage du ministère des Technologies de la communication et en partenariat avec Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie, Huawei Technologies et l’Union africaine des télécommunications, ce sommet a été l’occasion de s’étaler non seulement sur les challenges inhérents au déploiement de cette nouvelle génération des protocoles internet, mais également, ses points forts et l’état d’avancement des projets et des stratégies élaborées autour de la transition vers l’IPv6, sur le continent africain, notamment.
Au total, 132 délégués et experts de haut rang ont participé en présentiel à cette première édition en plus des intervenants qui ont pris la parole en ligne. En plus des différents keynotes, deux panels ont été organisés pour détailler les challenges et avantages inhérents au déploiement de l’IPv6 dans la région arabe mais aussi sur le continent africain.
Prenant la parole à l’ouverture de ce sommet, le secrétaire général de l’Aicto, Mohamed Ben Amor a souligné l’importance d’accélérer la migration vers ce nouveau protocole internet rappelant l’épuisement imminent des adresses IPv4. « L’utilisation accrue d’internet dans tous les domaines a commencé dans les années 90 et se poursuit encore aujourd’hui atteignant plus que cinq milliards d’utilisateurs dans le monde et la prolifération des terminaux intelligents exerce une énorme pression sur les réseaux existants et accélère la chute dans le nombre d’adresses disponibles. Ce qui signifie que nous sommes au bord de l’épuisement imminent des adresses IP dans leur version IPv4 et qu’il est vraiment urgent de passer au réseau de nouvelle génération IPv6 ».
Le Vice-président exécutif de Huawei Northern Africa, Philippe Wang, a, pour sa part, partagé avec l’audience une des dernières innovations de l’équipementier : l’IPv6 Enhanced. Il s’agit, selon M. Wang, de tout un écosystème qui permet non seulement d’acquérir des adresses IPv6 mais également d’assurer à travers la panoplie de services qu’il offre une meilleure expérience client dans un environnement hautement sécurisé. Il a affirmé, également, que la transition vers l’IPv6 devrait se faire de manière réfléchie et suivant une démarche anticipative des besoins futurs, en référence à l’IoT, entre autres.
Cette migration est des plus urgentes notamment dans le monde arabe – où l’Arabie Saoudite est en tête avec un taux d’adoption de l’IPv6 de 47.67% en 2021 – et en Afrique où la migration vers l’IPv6 a accusé des retards significatifs, apprend-t-on du Chargé des relations extérieures du RIPE NCC, Chafic Chaya. Intervenant lors du premier panel, il signalé que le Registre régional d’adresses IP ne dispose plus d’adresses IPv4. A défaut de migration vers l’IPv6, les pays du monde arabe et du continent africain mettent en péril leur développement et risquent de rater le train des avancées technologiques, a-t-il relevé, notant que les pays membres de l’Afrinic et du RIPE NCC peuvent profiter gratuitement des ressources IPv6.
La membre du Conseil d’administration de l’Afrinic, Wafa Dahmani, a, elle, détaillé quelques-uns des avantages du déploiement de l’IPv6. Elle a évoqué à titre d’exemple le renforcement de la pénétration d’internet en Afrique à travers, entre autres, le déploiement de la FTTH et par conséquent la possibilité de mettre en œuvre des services E-Gov, d’avoir accès aux technologies émergentes – l’Internet des objets, notamment – et de combattre la cybercriminalité compte tenu de la sécurité qu’offre les adresses Ipv6 contrairement aux IPv4 souffrant de plusieurs défaillances. « Nous devons en plus être prêts quand les géants de la technologie arrêteront d’utiliser l’IPv4 », a-t-elle ajouté.
Le second panel a, lui, été consacré aux interventions des opérateurs téléphoniques opérant en Tunisie. Les représentants de Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie sont revenus, chacun, sur l’évolution de leurs roadmaps respectives pour le déploiement de l’IPv6 et les démarches futures qu’ils envisagent pour réussir la migration vers la nouvelle génération des protocoles internet. Nous y reviendrons.
Sheima Guizani
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