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Réglementation et transformation digitale: «On boit un coup ou on s’en*ule?»

«On boit un coup ou on s’encule?», cet adage populaire qui traduit l’exaspération d’une personne due à de longues tergiversations, pourrait bien résumer la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les opérateurs téléphoniques en Tunisie. Face à une réglementation rigide voire même caduque, leurs souhaits de changer de modèle économique pour s’engager pleinement dans la transformation digitale ne peuvent être exécutés.

Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie se sont, en effet, accordés – lors de la première conférence sur la régulation des communications électroniques organisée à Gammart les 13 et 14 mars derniers par l’Instance nationale des télécommunications- sur la nécessité d’adopter un modèle économique qui obéit aux impératifs de la transformation digitale.

Fadhel Kraiem, PDG de Tunisie Telecom, a souligné lors de sa présentation que le marché est régi par les nouvelles technologies et la Data plus que la Voix dont la rentabilité ne cesse de se réduire. D’où le besoin de créer de nouveaux services qui permettent aux opérateurs de créer des services à forte valeur ajoutée et répondre aussi aux besoins des consommateurs.

Houssem Abbassi, CMO de Ooredoo Tunisie a rejoint l’avis de Fadhel Kraiem expliquant que la baisse de la rentabilité du service classique Voix et la lourdeur des investissements dans les nouvelles technologies conjuguées à une fiscalité – qu’il faut sans doute moderniser et réformer – et la baisse du cours du dinar, poussent aujourd’hui les opérateurs vers l’élargissement de leur spectre d’activité. L’objectif étant de drainer plus de revenus.

Soulignant que la transformation et la digitalisation touchent aujourd’hui aux modèles organisationnels, Houssem Abbassi a affirmé que les opérateurs doivent adopter de nouveaux processus qui “suivent le cours des choses” et permettent “plus d’interactivité avec les clients”. Selon le CMO de Ooredoo Tunisie, les opérateurs ont plus besoin de rentabiliser les technologies et les outils dont ils disposent actuellement au lieu d’aller sur des investissements plus lourds dans des technologies plus complexes, notamment la 5G.

“Essayons plutôt d’être à l’écoute des besoins de nos clients et de les satisfaire avec les moyens du bord”, a-t-il recommandé avant de revenir sur le Mobile Payment, un service qui peine à être démocratisé pour des raisons essentiellement juridiques.

“Le Mobile Payment est un service digital qui se prête parfaitement aux opérateurs téléphoniques. Il permettra de créer un écosystème notamment autour du e-Commerce, un secteur fort intéressant sur lequel le pays est en retard. Or, nous sommes face à des problématiques de réglementation”, a signalé le CMO de Ooredoo Tunisie tout en pointant du doigt la multiplicité des institutions régulatrices avec lesquelles les opérateurs doivent interagir. “Passer de plusieurs régulateurs à une agence du numérique permettra l’intégration des services auprès d’une sorte de guichet unique et ainsi faire évoluer les choses”, a-t-il précisé.

De son côté, Thierry Millet, le DG d’Orange Tunisie, est également revenu sur la problématique de destruction de la valeur ajoutée du secteur de par l’impact grandissant des OTT (Over The Top). “Nous sommes simplement demandeurs d’une équité de traitement. Same Service Same Rule”, a-t-il fait savoir.

Il a par ailleurs réitéré la nécessité, pour les opérateurs, d’aller vers le partage et la mutualisation des infrastructures pour réduire les coûts de déploiement des nouvelles technologies.

S’adressant aux représentants des organismes régulateurs, il a fait remarquer que les opérateurs s’attendent à un accompagnement leur permettant d’être non seulement acteurs de la transformation digitale mais également un socle sur lequel elle se base.

Nos décideurs feront-ils bouger les choses rapidement?

Nadya Jennene

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