Emirates International Telecommunications LLC (EIT) compte bien préparer sa sortie du capital de Tunisie Telecom. Le partenaire dubaïote de notre opérateur historique national, a déjà commencé le travail pour la cession de ses parts sous forme d’un appel d’offres international.
D’après nos sources, 4 à 5 opérateurs internationaux se seraient positionnés dans les starting-blocks. Parmi les noms qui circulent : Turkcell, le principal opérateur de téléphonie mobile de la Turquie. En 2012, il possèdait à lui seul 52,4% de parts de marché contre ses deux concurrents : Vodafone (29%) et Avea (19,7%, marque commerciale mobile de l’opérateur historique turc Turk Telekom). Turkcell possède également des filiales, notamment sur le vieux continent (Moldavie, Géorgie, Ukraine, Azerbaijan, Kazakhstan, etc.) ainsi que plusieurs MVNO en Allemagne.
La sortie de EIT du capital de Tunisie Telecom n’est pas une surprise en soi puisque ce consortium a déjà programmé cette opération depuis 2011. A l’époque, le cabinet JP Morgan avait en effet annoncé que Dubai Holding (maison mère de EIT) se débarrasserait de ses actifs dans plusieurs filiales d’ici 2014. A savoir : 35% du capital de Tunisie Telecom, 19% de «Du» (opérateur téléphonique dubaïote) et 26% dans Axiom Telecom (Emirats).
EIT LLC est une joint-venture formée en 2006 entre TECOM Investments et Dubai Investment Group. Sa mission : augmenter la valeur des investissements du groupe à travers le monde et ce, grâce au secteur des télécoms. En juillet 2006, EIT a racheté 35% des parts de l’opérateur historique tunisien contre 3052,4 millions de dinars. Toujours d’après JP Morgan, cette part (35%) a perdu, aujourd’hui, 70% de sa valeur.
En effet, EIT n’a pas pu ramener à Tunisie Telecom l’expertise financière du groupe, et encore moins celle technique, qui aurait permis à TT de préserver son leadership dans un marché hautement concurrentiel. Surtout après l’entrée d’Orange. Un point qui a été, à maintes fois, dénoncé par la Fédération Générale des Postes et des Télécommunications (FGPT), organe syndical rattaché à l’UGTT.
Avec l’ouverture du marché de la téléphonie fixe à la concurrence grâce à l’octroi d’une licence d’exploitation à Orange et Tunisiana, la santé commerciale de Tunisie Telecom se voit de plus en plus menacée. Et les signes de faiblesses commencent, déjà, à apparaître dans la branche du fixe de TT.
La privatisation partielle de Tunisie Telecom a commencé en 2004 et le gouvernement a choisi, à l’époque, la BIAT pour gérer ce dossier. Le 29 août 2005, un appel d’offres international avait été lancé et la liste des candidats a été dévoilée en octobre 2005. Elle comportait 14 candidats : Vivendi Universal, Bouygues Telecom, France Telecom, Telecom Italia, l’espagnol Telefonica, Portugal Telecom, les saoudiens Oger Telecom et Saudi Telecom, Emirates Telecommunications (Etisalat), Mobil Telephone Networks (MTN, Afrique du sud), MTC et Batelco et enfin le consortium TECOM et Dubai Holding (EIT).
Pour des raisons qui restent encore inconnues, l’annonce du vainqueur a pris du retard poussant Telefonica, Bouygues Télécom, MTC et Batelco, Portugal telecom et Saoudi Telecom à jeter l’éponge.
Bien que France Telecom fût pressenti pour remporter la mise, l’annonce officielle du 23 mars 2006 donnant EIT grand gagnant de cet appel d’offres, a créé la surprise générale. Le consortium émirati l’a, en effet, décroché de justesse contre le groupe français Vivendi Universal qui a pourtant revu à la hausse, et à la dernière minute, son offre de 2240 à 2760 millions de dinars.
Notons que EIT a racheté en octobre 2005, 30% du capital de Interoute, l’un des principaux fournisseurs de bande passante internationale dans le monde et dont la Tunisie est cliente. Orange et Tunisiana ont, par ailleurs, signé avec Interoute pour la mise en place du câble Didon qui sera opérationnel en 2014.
Rappelons au final que TurkCell est entré en lice pour remporter, en 2009, l’appel d’offres international pour une troisième licence du fixe et du mobile avec le groupe Loukil, et qui, finalement, a été octroyée à Orange.
Welid Naffati
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