Près de 20 % de municipalités seulement payent leurs fonctionnaires via le système automatisé de gestion des salaires INSAF de l’Etat tunisien et qui est géré et hébergé par le Centre National de l’Informatique (CNI) comme on l’a déjà expliqué dans la première partie de l’article. Les raisons évoquées par Sofiene Hemissi, DG du CNI, sont principalement logistiques et techniques.
«Les municipalités sont encore connectés au CNI par des lignes faibles débits dimensionnées depuis le début des années 2000 pour l’utilisation principalement d’un autre système qui est “Madania” (gestion de l’Etat civil, NDLR). D’autres, n’ont pas de machines proprement installées capables de se connecter à INSAF. Sinon, on trouve un problème de ressources humaines. C’est à dire que certaines municipalités n’ont pas de personnes dédiées ou formées pour utiliser une application comme INSAF avec toute sa rigueur de gestion», a expliqué le DG de la CNI lors de son Interview avec THD.tn. «Sinon les problèmes logistiques peuvent être purement administratives. Il est en effet impossible d’introduire un nouveau salarié dans le système INSAF sans qu’il y ait tous les justificatifs. Donc beaucoup d’entre eux sont en cours de rassemblement de tous les éléments de dossier pour chacun de leur employé».
Malgré ce retard, il semblerait que la présidence du gouvernement ait imposé un deadline pour terminer la couverture de toutes les municipalités. Objectif : aucun versement des salaires de leur fonctionnaires ne s’effectuera sans le passage par INSAF après ce deadline. Mais que faire si la municipalité n’a pas de connexion réseau et si elle en a une et qu’elle tombe en panne à la fin du mois, alors l’employé de la municipalité risque-t-il d’avoir en retard son salaire ? «La solution est là. C’est le projet RNIA2», nous a répondu Sofiene Hemissi.
Sofiene Hemissi
RNIA pour Réseau National Intégré de l’Administration est un réseau qui interconnecte toutes les administrations de l’Etat à leurs ministères respectifs et les autres services administratifs. Le chiffre 2 représente la 2ème génération. «Il y a en effet un RNIA 1 qui a été déployé il y a quelques années», a expliqué le DG de la CNI. Les ministères sont interconnectés en Fibre Optique avec un débit de 2 Mbs ou plus. Quelques administrations ont été connectées par une Ligne Spécialisé ou des lignes Frame Relay (deux technologies vétustes, NDLR) à faible débit. D’autres ont une simple connexion ADSL en Best Effort. C’est à dire que parfois le débit chute et la connexion avec».
Sofiene Hemissi nous a affirmé que les dossiers de l’appel d’offre sont en cours de validation par la commission supérieure des marchés publics à la Présidence du gouvernement. Dans peu de temps, chaque opérateur retenu sera, donc, chargé d’un lot ou deux lots et les travaux du RNIA2 seront entamés.
Le RNIA1 est-il la principale raison de la fameuse phrase ‘Le système est KO’ qu’on entend souvent dans les administrations ? «Oui. Mais parfois ce n’est pas le problème du réseau. Parfois c’est un petit souci technique de paramétrage ou de réglage, comme le rembourrage papier dans une imprimante. Plus rarement, ça peut être même une action de sabotage volontaire comme le papier mouchoir dans la prise Ethernet».
Malheureusement, c’est le CNI qui est à chaque fois appelé à intervenir, l’obligeant parfois à se déplacer sur site pour résoudre ce genre de futilités.
Welid Naffati
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