Être en situation de handicap? C’est avant tout une force de création. Pour Khadija Jallouli, Aymen Masmoudi et Najeh Cherif, le handicap n’est guère une fatalité ou un obstacle. Ils ont fait de leur fragilité une force et se sont lancés dans l’aventure entrepreneuriale en moyennant la technologie.
Invités de Startup Story by IntilaQ, Khadija Jallouli, Aymen Masmoudi et Najeh Cherif ont présenté chacun un projet ambitieux capable de répondre à certains besoins spécifiques des personnes en situation de handicap.
Un véhicule électrique pour les personnes à mobilité réduite
C’est le projet sur lequel travaille Khadija Jallouli avec un groupe d’ingénieurs. “J’ai toujours eu des difficultés à me déplacer. Les moyens de transports et l’infrastructure en Tunisie ne sont malheureusement pas adaptés aux personnes qui se déplacent en fauteuil roulant comme moi. C’est ce qui m’a amené à réfléchir sur un moyen de surmonter cet obstacle quotidien”, a déclaré Khadija.
C’est ainsi que l’idée de développer un véhicule électrique pour les personnes en situation de handicap est née. N’étant pas spécialiste, Khadija a mobilisé une équipe d’ingénieurs pour créer ce véhicule. “Nous travaillons actuellement avec un partenaire de renommée internationale et spécialisé dans la construction de véhicules électriques”, a-t-elle indiqué.
Khadija a ajouté que “ce véhicule, encore au stade de prototype, sera monoplace, compact et adapté à différents types de déficiences motrices”. “Puisque nous ne disposons pas d’une infrastructure de bornes de recharge en Tunisie, nous avons conçu ce véhicule de façon à ce qu’il soit rechargeable à partir d’une source d’alimentation ordinaire. Il suffit de le brancher à une prise chez-soi pour le recharger”, a-t-elle précisé.
Khadija a rappelé qu’en Tunisie “13.5% de la population sont des personnes en situation de handicap et que 2.2 à 3.8% de ces personnes souffrent de mobilité réduite ou d’un handicap moteur”.
Une application pour aider les personnes en situation de handicap à mieux communiquer
Aymen Masmoudi est autodidacte. Après avoir décroché son baccalauréat, il a fait le choix de se cultiver et de s’instruire sur internet en suivant différents cours en ligne du développement mobile, au design, en passant par le montage vidéo et la sécurité informatique.
Sa détermination l’a poussé en 2016 à participer à un concours de développement d’applications mobiles M-Dev Tunisia organisé par le ministère des TICs et ainsi décrocher le Prix de la meilleure application.
“Idifidek” permet aux personnes en situation de handicap de mieux communiquer et obtenir de l’aide en partageant sur l’application un appel au soutien, par exemple.
Aymen Masmoudi a, par ailleurs, souligné lors de son intervention, le manque d’implication et d’engagement de l’État et des entreprises au profit de l’employabilité des personnes en situation de handicap.
Rappelons qu’en Tunisie le quota d’obligation d’emploi en faveur des travailleurs handicapés demeure dérisoire. La loi impose en effet à toute entreprise privée ou publique soumise au code du travail et employant habituellement au moins 100 salariés, est tenue de réserver 1 % de ses postes d’emploi à des personnes handicapées.
Un stylo intelligent pour les personnes atteintes d’un handicap de la main
Suite à un accident, Najeh Cherif a été atteint de faiblesse musculaire dans sa main droite. Cet incident l’a poussé à développer un stylo intelligent pour la reconnaissance de l’écriture grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle.
“L’idée est née d’un besoin personnel. J’ai alors développé un prototype et puis grâce aux médias, j’ai été contacté par un homme d’affaire à qui le projet a beaucoup plu. Il a alors décidé de m’aider pour développer davantage mon projet”, a affirmé Najeh.
Le succès de ce stylo fut tel qu’il a été commercialisé à l’international : en Turquie, en Bulgarie, en Guinée et en Côte d’Ivoire.
“Le stylo se vend à 10 DT en Tunisie et est combiné à une application disponible, gratuitement, sur tous les stores. La solution est un accompagnée d’un manuel d’utilisation et un QR Code d’activation”, a expliqué Najeh.
Najeh a ajouté que sa société, Kotech, travaille également sur d’autres projets, en particulier, des projets de traitement d’images basé sur l’intelligence artificielle. “Les attaques de Sousse nous ont soufflé l’idée de développer une solution de gestion des accès et de contrôle basée sur la reconnaissance des plaques d’immatriculation des véhicules”, a-t-il noté avant d’annoncer que “cette solution complète est aujourd’hui prête et est disponible avec un taux de précision de 95% sur les plaques immatriculation tunisiennes”.
“La gamme contient 5 solutions dont une destinée aux parkings et une autre pour le contrôle des routes à destination de l’État”, a précisé Najeh.
Stratup de la semaine
Ahmed Nebli, co-fondateur de Nextgen, une startup boostée par IntilaQ, est intervenu dans cet épisode pour présenter les produits de l’entreprise dédiés aux personnes en situation de handicap. La société a lancé, entre autres, une tablette à destination des enfants aux besoins spécifiques et des livres pop-up (en 3D).
Il convient de noter que le segment des applications à destination des personnes aux besoins spécifiques ne cesse de se développer en Tunisie. Hearme est l’une des dernières applications lancées sur le marché. Elle est dédiée au personnes atteintes de déficience auditive (surdité ou perte partielle de l’ouïe) et qui utilisent la langue des signes.
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Nadya Jennene