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Tunisie : Ce piège appelé Internet dans lequel est tombé le service universel

Tunisie : Ce piège appelé Internet dans lequel est tombé le service universel

Depuis que l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) a introduit en 2013 l’obligation d’assurer une connexion Internet à chaque citoyen tunisien dans le cadre du service universel (SU), un débat parfois tendu s’est installé entre les opérateurs, le ministère des TIC et le régulateur sur qui doit financer et sur comment doit-on procéder pour satisfaire cette nouvelle obligation. Afin de mettre de l’ordre dans toute cette cacophonie, l’Instance Nationale des Télécommunications (INT) a décidé de ramener tous les acteurs télécoms en Tunisie autour d’une table afin d’en tirer un plan d’action.

Tunisie : Ce piège appelé Internet dans lequel est tombé le service universelDepuis que l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) a introduit en 2013 l’obligation d’assurer une connexion Internet à chaque citoyen tunisien dans le cadre du service universel (SU),  un débat parfois tendu s’est installé entre les opérateurs, le ministère des TIC et le régulateur sur qui doit financer et sur comment doit-on procéder pour satisfaire cette nouvelle obligation. Afin de mettre de l’ordre dans toute cette cacophonie, l’Instance Nationale des Télécommunications (INT) a décidé de ramener tous les acteurs télécoms en Tunisie autour d’une table afin d’en tirer un plan d’action. 

C’est ainsi qu’un Workshop a été organisé le 26 janvier dernier à la Technopôle El Ghazala sous le thème «Pour l’élaboration d’une politique de service universel des télécommunications en Tunisie» organisé par l’INT. Après l’exposition de l’expérience en la matière de différents régulateurs venus de plusieurs pays étrangers, c’était le tour aux opérateurs tunisiens et des 4 équipementiers pour donner leur point de vue sur la question.

Pour Jamel Sakka, directeur exécutif développement réseau chez Tunisie Telecom, l’opérateur historique est déjà dans cette politique nationale de démocratisation des télécommunications en Tunisie, indépendamment du service universel. Preuve en est : l’installation du tout premier réseau 2G/3G à la pointe sud du pays, à Borj El Khadhra. Un travail qui a nécessité énormément d’efforts, beaucoup de risques, et surtout beaucoup d’argent pour pouvoir transporter le réseau sur plus de 320 Kms (17 points FH), en plein désert. 

Mais pour TT, si dans les zones rurales et très éloignées l’investissement est orienté vers le Sans fil (Wireless), dans les zones moins denses, par contre, il y a toujours possibilité d’opter pour le filaire en investissant dans des IPMSAN de nouvelles générations. Devant ce type de choix, Tunisie Telecom se demande, donc, si le fond du service universel compensera-t-il l’opérateur et ce, quelque soit le type de technologie déployé ? Pis : Si c’est le cas, n’est-il pas plus judicieux de faire un BusinessPlan au préalable, et pour chaque zone dite ‘blanche’, afin de définir la technologie à adopter avant d’entamer quelconque investissement qui sera supporté par le contribuable ? 

Tunisie : Ce piège appelé Internet dans lequel est tombé le service universel

Lynne Dorward, responsable régulation du groupe ooredoo

Pour Lynne Dorward, responsable régulation du groupe ooredoo, le problème est à un niveau supérieur : c’est une question de mode de gouvernance avant tout. «Dans plusieurs 50% des fonds alloués au service universel ne fonctionnent pas ou à peine», fait-elle remarquer. De ce fait, il ne suffit pas seulement d’avoir un fond propre au SU, il faut carrément une institution dédiée à ça. Mais pour que ces fonds ne tombent entre de mauvaises mains, Mme Dorward n’a cessé de marteler sur la nécessité d’avoir la transparence comme condition sine qua non au travail de cette institution. Mieux : Il faut que le comité administratif soit totalement indépendant et séparé de celui financier. «L’enjeux est énorme puisqu’il y a beaucoup d’argent dans cette affaire», rappelle Lynne Dorward. D’autant plus que cette instance pourrait être récupéré par la politique ou que ses financements soit récupérés par d’autres ministères. En gros, il faut la neutralité que cette institution qui gérera et pilotera le SU et qu’elle rende des comptes.

Tous ces points ont été acquiescés par Mohamed Taâmalah, chargé d’analyse réglementaire chez Orange Tunisie. Mais pour Orange, il ne faut pas laisser le champ libre du SU à un seul opérateur. Il faut faire jouer, là aussi, la concurrence. Mais pour l’équipementier Huwaei, cette concurrence doit converger vers du Runsharing. C’est à dire le partage de l’infrastructure. C’est d’ailleurs ça qui pourrait réduire les frais de passage du haut débit dans les zones difficiles non rentables. «Avec la 4G, il sera possible d’assurer un service universel à tout le territoire. Il faut juste des ressources spectrales pour ça», rajoute pour sa part Patrick Lohat de Huwaei. Mais une fois le financement trouvé et l’infrastructure installée, que ferions-nous pour les terminaux ? Après tout, le SU est là pour réduire la fracture numérique dans un pays et donner l’opportunité aux plus démunis de tirer profit des télécommunications pour pouvoir s’améliorer. C’est ainsi que Patrick Lohat a proposé d’intégrer la subvention des terminaux compatibles 3G/2G niveau client final dans le SU.

Ericsson est allée au delà de ce que propose leur concurrent Huwaei. La vraie problématique, c’est la valeur ajoutée qu’apporte un opérateur et/ou un équipementier. En effet, à quoi ça sert d’investir pour des tuyaux qui vont rester vide. Fidèle à la stratégie de son entreprise orienté client final, Zied Malouche, directeur régional Mobile Broadband chez Ericsson, n’a pas cessé de marteler que la technologie doit être avant tout au service du citoyen et pour son confort. Du coup, le SU aura tout son sens si on réussira à donner accès à ces populations éloignés des zones urbaines des services de qualité tel que la e-education, la e-santé, etc. Des solutions dans lesquelles Ericsson a déjà investi pour le compte des opérateurs et qui sont facile à adopter pour chaque zone. 

Au final, Faycel Haffoudhi, DG d’Alcatel Lucent Tunisie, le Challenge du SU, n’est plus le réseau classique de communication, mais plutôt Internet. Car même la voix sur la 4G devient une application Internet. Ce qui expose les réseaux à de nouveaux challenges pour supporter autant de débit. 

A la fin de cette table ronde, tous les intervenants était d’accord que l’INT, le ministère et tous les acteurs du secteurs ainsi que la société civile doivent s’asseoir autour d’une table pour définir ce qu’est le service universel et écrire un cahier des charges. C’est à la lumière de cela qu’il sera possible, par la suite, adopter les textes de loi en fonction de ce cahier des charges.

Welid Naffati

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