Un appel d’offre international a été lancé par l’Etat tunisien mercredi 1er mars 2017 pour l’octroie de plusieurs licences d’opérateur d’infrastructure. Leur mission ? Installer des réseaux de communication de très grande capacité en Tunisie qu’ils pourront louer aux opérateurs télécom tunisiens.
Vendredi 30 juin 2017, la cérémonie d’ouverture des plis qui s’est déroulée au siège du ministère des TIC et de l’Economie numérique n’a pas connu d’encombrement, malheureusement. En effet, il n’y a eu qu’un seul soumissionnaire : l’ATI via un consortium.
Ce consortium est composé par l’ATI (qui le préside), Meninx Holding (qui détient Eo Data Center qui gère, entre autre, la portabilité des numéros en Tunisie) et enfin une entreprise turque spécialisée dans le câblage (semblable à la Sotetel). Si ce consortium sera retenu, il devra payer 4,8 millions de dinars pour la licence.
D’après nos informations, la participation de l’ATI et de Meninx dans ce consortium sont à hauteur de 40% chacun. Les 20% restants vont à la partie turque. Ce partenaire turc a, en réalité, manifesté son intérêt pour participer dans ce consortium après une visite de prospection en Tunisie dans le but d’y installer une filiale. Voyant la saturation du paysage telco tunisien, et apprenant le lancement de l’appel d’offre en question, l’entreprise turque s’est rapprochée de l’ATI qui, à l’époque, étudiait à son tour l’opportunité de commercialiser ses propres fibres aux professionnels en Tunisie.
A noter que le projet d’opérateur d’infrastructure était en gestation bien longtemps avant l’appel d’offre en question et ce, suite à une manifestation d’intérêt de la part de Google durant les préparatifs d’introduction de Google Street View en Tunisie (début 2016). La firme de Mountain View a en effet voulu introduire son service de Google Fiber en Tunisie (un service qui a été arrêté dans le monde novembre 2016). Dans le concept de départ, la licence devrait être de quelques centaines de milliers de dinars afin de favoriser la création d’opérateurs régionaux et accélérer, ainsi, le déploiement de la Fibre Optique en Tunisie.
D’après nos informations, l’ATI a obtenu le feu vert (quoi que “timide”) du conseil d’administration de Tunisie Telecom avant la participation dans cet appel d’offre (TT est en effet un actionnaire majoritaire à hauteur de 37% dans le capital de l’ATI). Tunisie Telecom a été convaincue par l’entrée de sa filiale en quasi concurrence à elle sur la partie infrastructure (surtout le fixe), afin d’éviter une situation qui serait encore plus difficile à supporter.
En effet, en cas où cet appel d’offre devient infructueux (chose qui était très probable à cause du prix relativement élevé de la licence), il sera relancé avec des conditions encore plus alléchantes. Ce qui ouvrira la porte à plusieurs concurrents à TT sur le fixe.
Bref, en ayant qu’un seul soumissionnaire à cet appel d’offre international avec un consortium à 70% privé-30% étatique, on se retrouve, étrangement, dans une situation de PPP (Projet Public Privé). Encore faut-il qu’il ne retrouve pas le même sort de tous les autres PPP : L’échec !
Welid Naffati
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