Smart Capital, l’entreprise PPP qui représente le “Fond des Fonds” (un des points focaux de la Startup Act https://www.startupact.tn/), vient de publier son tout premier rapport communiquant les statistiques des startups en Tunisie depuis l’entrée en vigueur de la loi Startup Act en mars 2019.
Pour en savoir davantage, nous avons invité pour le 121e épisode de Startup Story, Salma Baghdadi, directrice écosystème chez Smart Capital. Elle exposé les chiffres et statistiques depuis l’entrée en vigueur de la Startup Act.
Jusqu’à mars 2020, 248 startups – sur 416 candidatures reçues – ont été labellisées par le Collège des Startups, soit un taux d’acceptation de l’ordre de 70%. Au total, 91 entrepreneurs en phase de création juridique de leurs entreprises ont postulé et obtenu le pré-label. Mais jusqu’à mars 2020, 49 seulement d’entre eux ont pu fonder l’entreprise pour obtenir d’une façon définitive le label Startup.
D’après ce rapport, 96 fondateurs de 61 startups labellisées ont obtenu une bourse de vie (une allocation donnée aux fondateurs pour couvrir leurs charges de vie pendant une année durant la phase de lancement). Au total 668 000 dinars tunisiens ont été déboursés : 80% des bénéficiaires ont touché entre 1000 et 1200 DT/mois, 11% ont touché entre 2000 et 3000 DT/mois, 7% ont reçu entre 4000 et 5000 DT/mois et 2% seulement ont touché entre 3000 et 4000 DT/mois. De ce fait, la moyenne de bourse octroyée était de l’ordre de 1517 DT/mois.
Grâce à la loi Startup Act, 168 startups bénéficiaires ont pu être exonérées des charges CNSS, prises en charge entièrement par l’Etat.
Au sujet du temps écoulé entre la création de la startup et sa labélisation, le rapport de Smart Capital affirme que la moyenne d’âge a été de 2,5 ans d’existence juridique.
Le rapport précise que 38% de ces 248 startups ont moins d’une année d’existence, 75% sont âgées de moins de trois ans, 15% entre trois et cinq ans et enfin 10% entre cinq et huit ans.
A propos de la région d’implantation, le rapport affirme que les 3/4 des startups labellisées sont concentrées dans le Grand Tunis. Vient par la suite, le Centre-Est avec 10.5%, 5.2% sont dans le Nord, 3.7% dans le Sud-Est, 2% dans le Nord-Ouest, 2% dans le Centre-Ouest et enfin le Sud-Ouest avec 1.2%.
Secteurs d’activités des Startups
Autre donnée très intéressante dans le rapport : les secteurs d’activité économique dans lesquels évoluent ces startups. Dans le Top 10 on trouve : 12.1% dans le Business Software & Services, 10.9% dans le Marketplace, 10.9% dans l’EdTech, 9.7% dans la Fintech, 8.9% dans l’Industrie Créative, 8.9% dans la HealthTech, 7.7% dans l’IoT, 6,9% dans l’Intelligence Artificielle, 4.4% dans l’AgriTech et enfin 4.4% dans les solutions de Mobilité.
Dans le bas du classement : la GreenTech et les FoodTech avec chacun 2.8%, le secteur du Bien-être à 2.4%, l’Advanced Manufacturing et les services de communication à 2% chacun, la robotique à 1.6%, la TravelTech à 0.8% enfin le Social Business et le Real Estate Tech chacun à 0.4%.
“L’analyse des secteurs reflète une dispersion des domaines d’activité des startups sans faire apparaître de phénomène de concentration notable. Les trois premiers secteurs (Business Software & Services, Marketplace, EdTech) représentent plus du 1/3 de la population analysée et les dix premiers secteurs d’activité accaparent 85% du nombre total de startups labellisées”, lit-on en commentaire.
De façon générale, 52% des Business Models de ces Startups s’orientent vers le B2B ; 23% B2C ; 16% B2B et B2C à la fois.
4% seulement des startups sont fondées par des femmes
Le rapport de Smart Capital fait également un profiling intéressant des fondateurs de ces startups. Ainsi, on trouve que 68% des startups sont fondées exclusivement par des hommes contre 4% par des femmes. Seulement, 28% ont des équipes mixtes.
Pour ce qui du niveau d’études, 60.3% de ces profils ont un Bac+5, 27% un Bac+3, 11% ont un niveau supérieur à Bac+5, 8.6% un PhD, 1.1% ont le Baccalauréat et enfin 0.6% autodidactes.
Quant aux backgrounds académiques : 60% proviennent de la filière technologique, 33% business, 3% du domaine de la santé, 3% des filières artistiques et 1% du droit.
En termes d’expérience professionnelle, 43% des startuppeurs ont dix ans et plus d’expérience, 27% entre cinq et dix ans, 24% entre un et cinq ans, 5% sont des étudiants et 1% sont des nouveaux diplômés.
L’âge moyen de lancement de la startup en Tunisie, d’après Smart Capital, est de 32 ans pour la femme, 36 ans pour les hommes.
Dynamique créatrice d’emplois
Environ 3000 emplois ont été créés par les startups qui ont obtenu le label depuis entre mars 2019 et mars 2020 (2829 plus précisément) sachant que 61% des postes sont occupés par des hommes contre 39% de femmes.
En moyenne, chaque startup emploi onze salariés et chaque startup labellisée a généré trois nouveaux emplois.
L’expansion internationale et soutient des incubateurs/fonds
Le rapport aborde également l’expansion des startups tunisiennes à l’international ainsi que l’implantation des startups internationales en Tunisie. Ainsi, 14 startups étrangères ont ouvert une filiale tunisienne depuis Mars 2019 (7% viennent de l’Amérique du Nord, 7% de la région Mena et 86% de l’Europe) et six startups tunisiennes ont ouvert un bureau à l’étranger (25% en région Mena, 50% en Europe et 25% en Afrique).
On apprend aussi que 107 des startups labellisées ont été soutenues par un incubateur ou un accélérateur/bailleur de fond : 8% au stade ideation, 22% au stade incubation, 65% à l’accélération et 5% en phase growth.
Argent généré grâce aux startups
Le chiffre d’affaire (CA) cumulé en 2019 par ces startups est de l’ordre de 65.9 millions de dinars (72.4% ont été générés en Tunisie, 27.6% à l’étranger). Mais 62% des startups seulement ont pu générer un chiffre d’affaire et 80% ont fait une croissance de leur CA.
Malheureusement, 37.9% des startups n’ont réalisé aucun CA durant 2019, 9.5% ont fait moins de 10 000 dinars de CA. Par ailleurs, 23% des startups labellisées ont généré un CA entre 100 000 et un million de dinars et près de 7% d’entre-elles ont un volume d’affaires supérieur à un million de dinars.
Les startups labellisés ont réalisé la moitié de leur CA à l’export avec l’Europe. D’une façon plus générale, environ 3/4 du CA à l’export est réalisé avec les marchés européens, la région Mena et l’Afrique.
Quant aux levées de fonds, 61 millions de dinars ont été octroyés aux startups par les différents bailleurs et programmes d’investissement en 2019. La moyenne de tickets se place entre 100 et 200 000 dinars (34% des startups) contre 28% entre 200 et 600 000 dinars et 19% inférieur à 100 000 dinars. Seulement 2% ont pu décrocher un ticket supérieur ou égal à 15 millions de dinars.
Autre fait saillant : 44% des startups ont pu lever des fonds grâce à leur familles et amis (Love Money) contre 25% via les organismes d’investissements, 11% auprès des business angels et enfin 10% des sociétés ou groupe de sociétés.
L’interview au complet est disponible sur SoundCloud.
Toutes les statistiques sont disponibles sur ce lien.
Walid Naffati
Vous pouvez apprendre plus sur Smart Capital en lisant notre article :
SAVE, le programme d’aide aux startups sinistrées du Covid-19