Le 16 avril 2018 suite à l’annonce du lancement officiel des services d’obtention de certains documents officiels et administratifs en ligne, la rédaction de THD.tn a accédé par simple recherche sur Internet, à la plateforme d’extrait de naissance en ligne. La plateforme en question ne permet pas l’obtention instantanée de l’acte de naissance et ses utilisateurs doivent payer des frais de livraison par poste et récupérer le document dès que réceptionné par le bureau de poste sélectionné au préalable (lire notre article : L’obtention d’un extrait de naissance en ligne coûtera entre 3 et 5 dinars).
Après notre publication, plusieurs autres médias ont repris la même information en déplorant la procédure et les frais d’envoi du document par voie postale sachant que le ministre des Technologies de la communication et de l’Économie numérique avait souligné, dans son annonce, la gratuité de ce service.
Afin d’en savoir davantage, la rédaction de THD.tn a contacté le ministère de tutelle qui, à notre surprise, nous a annoncé que le service gratuit d’extrait de naissance n’a pas encore été mis en ligne bien que testé et approuvé fin mars dernier.
La raison ? Un litige entre le ministère des TIC et le syndicat du Centre National d’Informatique (CNI) autour de la création de l’Agence de Développement du Numérique (ADN), selon le dit syndicat.
Dans un communiqué, dont une copie est parvenue à THD.tn, le syndicat affirme, en effet, “faire barrage à certains projets annoncés, notamment celui de la plateforme d’extrait de naissance en ligne et la généralisation du déploiement du système de correspondance électronique” dans les administrations tunisiennes, en dépit du rappel à l’ordre du ministère.
Le ministère des Technologies de la communication et de l’Economie numérique avait appelé le personnel du CNI à se rendre sur le lieu de travail dimanche 15 avril et procéder à la mise en œuvre du projet en question. La correspondance envoyée par le ministère de tutelle et publiée sur la page Facebook du syndicat du CNI, a été considérée par ce dernier, comme une menace.
Le syndicat ajoute, dans son communiqué, que de telles mesures ont été prises en réaction à la décision du Conseil stratégique de l’Économie numérique relative à la création de l’Agence de développement du numérique (ADN) et à celle du ministère des TIC qui “se serait rétracté quant à l’annulation de la mise en œuvre du projet après un éventuel accord avec le syndicat”.
Le syndicat du CNI juge la création de l’ADN un coup porté à la mission du Centre national de l’Informatique qui, selon la présentation disponible sur le site web de l’entité, consiste de façon générale” à appuyer les structures publiques de l’administration dans la réalisation, le déploiement et l’exploitation des systèmes d’information”.
Dans un autre communiqué diffusé le 30 mars, le syndicat du CNI avait annoncé “son rejet de la décision du Conseil supérieur de l’économie numérique relative à la création d’une structure parallèle au CNI dont le but est de marginaliser ce dernier et le dépouiller de ses fonctions essentielles pour les limiter à l’exploitation et à la maintenance”.
Notons que la mission de l’Agence de développement du numérique (l’un des projets développés dans le cadre de la stratégie digitale Tunisie 2020) sera axée autour de “l’accélération de la mise en œuvre des projets qui s’inscrivent dans la transformation numérique, notamment ceux liés à la digitalisation de l’Administration et à l’amélioration de l’infrastructure du numérique dans les régions”, selon le ministre des Technologies de la communication et de l’Économie numérique, Anouar Maarouf.
Rappelons au final que le syndicat revendique depuis plusieurs années son rattachement à la Présidence du gouvernement au lieu du ministère des TIC, comme l’a été le cas à sa création. Le CNI était sous la tutelle du Premier ministère sous le régime de Ben Ali.
Nadya Jennene