La 5e édition d’Ericsson Day s’est tenue, jeudi, en format virtuel avec la participation du Country Manager d’Ericsson Tunisie Slim Ghariani, du premier Conseiller auprès du ministre des Tics Hassen Harrabi, de l’ambassadeur de la Suède Anna Anna Block Mazoyer, la présidente de l’association TunisianStartups Amel Saidanne, ainsi que Lassaad BenDhieb, Hatem Mestiri, et Adel Akrout, directeurs techniques des trois opérateurs, Tunisie Telecom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie.
Cette rencontre qui a rassemblé les principaux intervenants sur le grand projet du lancement de la 5G en Tunisie – prévu fin 2022, soit un an après l’élaboration du cahier des charges – a été l’occasion de discuter le calendrier du déploiement de cette technologie, les modalités, l’importance de façonner tout un écosystème autour de la 5egénération des réseaux mobiles de par la portée des cas d’usage liés à cette technologie et les opportunités de développement économique auxquelles elle peut donner naissance.
Avec des débits de données 100 fois plus rapides que la 4G, une latence quasi-inexistence et une consommation d’énergie moindre, la 5G permettra de mettre en place les innovations les plus pointues et ainsi créer une nouvelle dynamique pour une économie mondiale moins fracturée surtout en ces temps de pandémie Covid-19. L’utilisation des nouvelles technologies – nul ne peut le nier – a permis en 2020 de sauver – et continue de le faire – au moins une partie de l’économie meurtrie par l’immobilisation mondiale due à la propagation du virus SARS-Cov-2.
La 5G semble, d’ailleurs, gagner du terrain. Selon les chiffres avancés par Slim Ghariani, le nombre d’utilisateurs de la 5G augmenterait de 400 millions au terme de l’année 2021 pour atteindre 600 millions et dépasserait un milliard d’ici à la fin de 2022.
En Tunisie, elle est encore au stade expérimental. Tunisie Telecom et Ooredoo Tunisie ont réalisé les premiers tests au dernier trimestre de l’année écoulée. Le défi, selon Slim Ghariani, demeure, en effet, de trouver le meilleur modèle pour lancer la 5G à des tarifs raisonnables. Chose sur laquelle s’accordent les trois opérateurs du marché tunisien des télécommunications. Les investissements sont colossaux et les terminaux coûtent chers, ce qui représenterait un poids financier et pour les opérateurs et pour les utilisateurs finaux, en l’absence de use cases intéressants. Le Country Manager d’Ericsson insiste, d’ailleurs, sur l’importance d’une jonction entre les différents acteurs de l’écosystème. Il a, dans ce sens, appelé les startups à se rapprocher des opérateurs et de proposer des business cases attrayants et susceptibles de créer de la richesse.
Cette 5e génération des réseaux mobiles ne risque pas de voir le jour en Tunisie avant la fin de 2022, voire le début de 2023. Selon le premier conseiller auprès du ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Hassen Harrabi, l’Etat travaille sur la formalisation du mode d’attribution des licences 5G et le cahier des charges qui sera prêt d’ici à la fin de l’année.
Les opérateurs prônent, eux, un modèle de déploiement différent de la 4G. Celle-ci a, rappelons-le, mobilisé des très grands budgets et a été lancée un peu à la hâte alors que les opérateurs téléphoniques n’avaient pas encore rentabilisé les investissements faits sur la 3G.
Revenant sur le sujet, le directeur central technique de Tunisie Telecom, Lassad Ben Dhiab, a insisté sur l’importance de façonner tout un écosystème autour de la 5G afin de créer de la valeur ajoutée pour l’utilisateur final. L’idéal serait, selon lui, de penser à des investissements durables et d’élaborer des stratégies sur le long-terme dans lesquelles les opérateurs joueraient le rôle de driver.
Lassad Ben Dhiab a évoqué, dans ce sens, l’importance de tisser des synergies et des modèles de collaboration entre les opérateurs, les stratups, les universités et les industriels pour travailler, ensemble, sur la création de use cases à forte valeur ajoutée.
Hatem Mestiri, le directeur technique de Ooredoo Tunisie, a, lui, mis l’accent sur la sensibilisation des futurs consommateurs sur les avantages de cette technologie et répondre à la contre information qui circule autour de la 5G en travaillant sur « l’hostilité d’une partie des consommateurs au déploiement des stations radio à proximité de chez eux ».
Il a ajouté qu’une couverture 5G nationale digne nécessiterait l’installation de sites radio à chaque 200 à 400 mètres, soit dans chaque quartier, surtout si le déploiement de cette technologie se fera sur la bande 3,5 GHz. Attribuée exclusivement à la 5G, cette fréquence à une porteur de 400 mètres en zone urbaine et 1,2 km en zone rurale. Techniquement, elle représente le meilleur compromis car elle permet d’atteindre de très bons débits tout en empêchant une congestion du réseau.
Nous noterons que les opérateurs pourraient, également, utiliser la bande 700 MHz qui grâce aux basses fréquences assure une meilleure couverture en termes de longueur d’ondes, et la 26 GHz – appelée aussi onde millimétrique – qui, elle, permet d’atteindre des débits comparables à ceux de la fibre optique mais sa portée reste très limitée surtout en milieu urbain.
Le déploiement de la 5G sur ces bandes dépendra de la disponibilité des spectres dans chaque pays. Dans ses feuilles de routes pour l’attribution du spectre 5G au Moyen Orient et en Afrique du Nord, la GSMA note : « Pour un pays qui souhaite offrir les meilleurs réseaux mobiles possibles, soutenir des licences de spectre qui soient neutres sur le plan technologique est essentiel. Les licences neutres offrent une flexibilité nécessaire aux opérateurs pour déployer de nouvelles technologies en fonction de la demande du marché et de leurs propres feuilles de route de services et de réseaux. Sans cette flexibilité, incertitude et retards peuvent mener à une diminution des investissements dans le réseau et avoir un impact sur le déploiement, la qualité, le coût et la disponibilité des services. Cette approche devrait s’appliquer à la fois aux licences actuelles et aux nouvelles licences, et pourrait nécessiter des ajustements de la législation du pays ».
Hatem Mestiri a, également, appuyé le propos de son homologue de chez Tunisie Telecom en ce qui concerne l’infrastructure nécessaire au déploiement de la 5G. « Nous devons travailler sur la mise à niveau du réseau de transport, augmenter la capacité des tuyaux et mettre en place des réseaux radio neufs ».
Selon le CTO de Oordoo Tunisie, en dépit de la réticence au changement, la 5G sera adoptée en Tunisie « car le Tunisien regarde ce qu’il se passe ailleurs et a envie de ressembler aux citoyens du monde.
Le directeur technique d’Orange Tunisie, Adel Akrout a, lui aussi, confirmé l’intérêt de mener un travail pédagogique sur l’utilité de la 5G auprès des consommateurs, des industriels et des startups soulignant que les innovations que pourrait apporter cette technologie sont plus importantes que celles déjà mises en place depuis l’arrivée de la 4G.
Le CTO d’Orange Tunisie a évoqué, dans ce sens, les programmes élaborés par l’opérateur conscient de son rôle d’accélérateur et de facilitateur auprès de l’écosystème des startups. Orange Tunisie a, rappelons-le, lancé différents mécanismes pour appuyer les efforts d’entreprenariat en particulier auprès des jeunes.
Rappelant que le déploiement de la 5G implique des investissements lourds pour les opérateurs, il a rejoint Lassad Ben Dhiab sur la nécessité de mettre en place un modèle économique spécifique pour cette technologie afin d’en faire profiter toutes les parties prenantes.
En prévision du lancement de la 5G en Tunisie, Ericsson a, rappelons-le, mené une enquête afin de mesurer la prédisposition des consommateurs à accueillir cette nouvelle technologie. L’étude a révélé que sept utilisateurs sur dix basculeraient vers la 5G dès qu’elle sera déployée. Près de 30% se sont, en plus, dits prêts à changer d’opérateur si celui chez lequel ils sont clients ne propose pas de 5G.
Le replay est disponible sur inscription via ce lien.
Nadya Jennene